Les Belges ne veulent pas d’un péage urbain…

Mais 57 % acceptent une forme intelligente de taxe kilométrique...

Une nouvelle enquête* de l’organisation de mobilité Touring révèle que près de 67 % des Belges ne veulent pas être imposés en fonction de l’utilisation qu’ils font de leur véhicule, à la place des taxes actuelles qu’ils paient pour l’achat et la possession de celui-ci. Pas moins de 57 % des automobilistes accepteraient cependant une forme intelligente de taxe kilométrique.

Pour autant que les taxes actuelles soient supprimées. Un péage urbain qui ne s’appliquerait que sur une agglomération urbaine bien délimitée, telle que Bruxelles, serait par ailleurs inacceptable pour 66 % des automobilistes. De nombreux Belges se méfient des pouvoirs publics en matière de fiscalité automobile, estimant que la voiture est considérée comme une vache à lait par l’État. « Et pour cause: la Belgique est le pays européen qui taxe le plus les véhicules. En 2019, les taxes automobiles ont rapporté à l’État près de 21,5 milliards d’euros. »

Péage urbain
Dans une large majorité, les Belges ne veulent pas entendre parler d’un péage urbain. Même à Bruxelles, une majorité de 57 % s’y oppose. En Wallonie, cette proportion grimpe à 72 % et en Flandre elle se situe à 65 %. Cette mesure serait donc clairement impopulaire. Mais comment les usagers adapteraient-ils leur comportement si les pouvoirs publics l’instauraient tout de même?

• 55 % se rendraient moins souvent en ville (Flandre 59 %, Wallonie 52 % et Bruxelles 34 %)
• 33 % choisiraient un mode de déplacement alternatif
• 25 % paieraient, faute de solutions alternatives
• 15 % chercheraient un travail en dehors de la ville
• Seuls 3 % envisageraient de s’installer en ville

Les usagers qui utilisent habituellement les transports publics ou le vélo pour leurs déplacements domicile-travail sont plus nombreux à déclarer qu’ils adopteraient des moyens de transport alternatifs si un péage urbain était instauré.

Taxe kilométrique
Lorsqu’on évoque une taxe kilométrique (intelligente) qui consiste à payer par kilomètre parcouru, en combinaison éventuelle avec le lieu (type de route) et le moment où l’on roule (pendant ou en dehors des heures de pointe), l’opinion des Belges est plus nuancée. « Une petite majorité de 57 % accepterait l’instauration d’une telle taxe. Mais on observe de grandes disparités d’avis selon les régions: 61 % en Flandre, 49 % en Wallonie et 44 % à Bruxelles. »

– Pour 51 % des Belges qui y sont favorables, cette mesure doit aller de pair avec la suppression des taxes existantes sur l’achat et la possession d’un véhicule.

– Les usagers qui parcourent plus de kilomètres par an sont plus réticents à l’égard de cette tarification routière.

– Par ailleurs, il est intéressant de noter qu’une majorité de 64 % des Belges estiment qu’une forme de taxe kilométrique ne résoudrait pas le problème des embouteillages.

– Pour 66 % des Belges, l’instauration d’une telle mesure devrait en tout cas émaner du Fédéral et non de chaque région séparément.
Comment les automobilistes s’adapteraient-ils à l’instauration d’une taxe kilométrique (plusieurs réponses étaient possibles)?
•41 % paieraient, faute de solutions alternatives
• 26 % se déplaceraient en empruntant d’autres routes (moins chères)
• 25 % utiliseraient moins leur voiture
• 25 % se déplaceraient à un autre moment (en dehors des heures de pointe)
• 20 % chercheraient un moyen de transport alternatif

Pour Touring, seule l’instauration d’une taxe kilométrique intelligente dans toutes les régions serait acceptable. Il ne pourrait pas s’agir non plus d’une imposition supplémentaire pour le consommateur: la facture finale des taxes automobiles ne peut pas augmenter. « La taxe de mise en circulation, de roulage, celle sur le permis de conduire ainsi que tous les impôts sur les assurances, sans oublier les carburants, doivent donc être revus. Des réductions doivent aussi être prévues pour les déplacements qui ne peuvent être effectués qu’en voiture et pour lesquels il n’existe pas d’alternatives raisonnables. Ces dernières doivent également être mises en place avant l’éventuelle instauration d’une taxe kilométrique intelligente. Il s’agit notamment d’optimiser les transports publics, de prolonger les lignes de métro jusqu’en périphérie des villes et de créer des parkings de délestage. Mais aussi de mettre en œuvre des mesures d’accompagnement, comme l’instauration du budget mobilité, l’encouragement des déplacements en dehors des heures de pointe ou l’octroi d’avantages fiscaux aux travailleurs qui pratiquent le covoiturage, l’autopartage ou le télétravail. La réduction des embouteillages sur le réseau routier passe aussi par une meilleure gestion de la circulation, la mise en place de feux de signalisation intelligents, l’amélioration du trafic, la suppression des goulets d’étranglement et la réalisation des chaînons manquants.« 

Pour Touring, l’instauration d’une éventuelle taxe kilométrique va nécessairement de pair avec la réalisation d’alternatives pour l’usager de la route. Il doit toujours pouvoir déterminer la manière de se déplacer et le moment qui lui conviennent le mieux. « Touring entend continuer à protéger cette liberté de choix fondamentale. »

Un péage urbain n’est pas acceptable pour Touring, et encore moins s’il n’est pas compensé pour les usagers qui viennent en ville pour travailler, se divertir et consommer. Les pouvoirs publics ont encore du pain sur la planche avant d’arriver à une solution suscitant une large adhésion, conclut Touring, qui partage la méfiance des Belges en matière de fiscalité automobile.

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