Le protocole EES (Entry Exit System ou système d’entrée-sortie) doit entrer en vigueur le 6 novembre prochain. Il a déjà été reporté à deux reprises, les compagnies aériennes et leurs représentants (IATA, ACI Europe, A4E, ERA…), ainsi que des aéroports, gares et compagnies ferroviaires, ayant alors alerté sur le risque de chaos qu’il faisait porter sur leur activité.
Or, Thomas Juin, président de l’Union des Aéroports français (UAF), au cours de la conférence de presse annuelle de l’association, ce mercredi matin, a alerté sur le fait que « la situation ne se présente pas sous les meilleures auspices ». Une formule adoucie pour dire que les aéroports internationaux français n’ont pas les moyens de déployer à la fois les outils et les effectifs supplémentaires de police des frontières d’ici huit mois. Thomas Juin, craignant « de très importantes files d’attente » à l’arrivée des vols en provenance des pays extra-européens, appelle au report de l’entrée en vigueur de l’EES.
Le protocole EES, rappelons-le, vise à renforcer le contrôle aux frontières des ressortissants extra-européens entrant dans l’un des pays membres – dont les Britanniques depuis le Brexit. Il correspond à une double identification biométrique pour tous les voyageurs internationaux souhaitant entrer dans l’espace Schengen depuis un pays tiers exempté de l’obligation de visa ou titulaire de visas de court séjour. Les passagers, à l’arrivée, vont devoir se soumettre au scan de documents et à la collecte de données biométriques, soit la capture d’une image faciale et la prise d’une empreinte digitale.
Aujourd’hui, les aéroports parisiens – près de la moitié du trafic en France – sont mobilisés pour gérer au mieux la période des Jeux Olympiques, sans craintes excessives du fait que le trafic devrait être finalement assez proche du trafic estival habituel, à l’exception des premiers et derniers jours de la compétition où ils s’attendent à des pics. Ils doivent également investir des sommes conséquentes dans des scanners 3D, lesquels sont censés réduire de 30 à 50% les temps de passages au poste d’inspection filtrage, lors des contrôles du contenu des bagages destinés à voyager en cabine. Finie ainsi la limitation à 100ml du contenu des bouteilles, crêmes diverses et autres mousses à raser. ADP a annoncé que ces scanners seront généralisés à Orly comme à Roissy-CDG en vue des JO de 2024. Autre souçi enfin pour les plateformes aéroportuaires françaises : moderniser les systèmes de passages automatisés (Parafe), afin d’offrir davantage de souplesse dans leur usage.
Un trafic toujours en retrait par rapport à 2019 !
Le trafic des aéroports français de 2023 n’a pas retrouvé celui de 2019. Il s’inscrit toujours en baisse de 7,3% (avec 198,7 millions de passagers commerciaux) par rapport à l’année pré-Covid, mais en hausse de 14,2% sur 2022. Le trafic low-cost représente désormais 43.2% du trafic de la France métropolitaine, soit plus de 80 millions de passagers, alors qu’il représentait 35% du trafic en 2019. Le trafic domestique s’inscrit en baisse. A l’exception des lignes entre Paris et Nice, les principales radiales peinent à retrouver leur niveau de trafic de 2019, notamment sous l’effet du désengagement d’Air France. “Nous nous trouvons dans une zone géographique où la croissance est molle, à la différence d’autres régions du monde telles l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine, rappelle Thomas Juin. Il est vrai que notre marché est mature. Et notre secteur subit un renchérissement des coûts. Les carburants durables auront par exemple un impact sur le prix des billets ».