L’Observatorio de Ecoturismo en España (Observatoire de l’écotourisme en Espagne) est une initiative financée par le Secrétariat d’État au Tourisme depuis 2017 et dirigée par l’Asociación de Ecoturismo en España (Association de l’écotourisme en Espagne).
Les résultats pour l’année 2019 viennent d’être publiés, ces données permettent de dresser le profil de la demande, de l’offre et des destinations qui façonnaient l’écotourisme dans notre pays juste avant le déclenchement de la pandémie.
Au total, ce sont 751 voyageurs écotouristes et 195 entreprises affiliées au Club Ecoturismo en España (Club de l’écotourisme en Espagne), issues de 16 destinations, qui ont participé à cette enquête. Actuellement, l’Observatorio travaille à l’évaluation de l’impact de la pandémie sur le secteur du tourisme et sur le profil des clients. Les résultats de cette étude seront publiés prochainement.
L’offre écotouristique en Espagne
En 2019, les 289 hébergements affiliés au Club Ecoturismo en España ont accueilli un nombre de clients estimé à 781 654 voyageurs. Il ressort de l’étude de la demande que les voyageurs dépensent en moyenne 121,80€/jour et que la durée moyenne des voyages écotouristiques est de 2 à 3 nuits, l’impact économique généré par les clients ayant logé dans les entreprises affiliées au Club est donc estimé à 238 013 640 € (ces dépenses comprennent les frais de logement, de nourriture, des activités, des achats de souvenirs, des visites…).
Ces hébergements fournissent des emplois directs à environ 4 249 travailleurs, 50,6 % deces postes de travail constituent des emplois saisonniers, alors que les 49,4 % restants ont un contrat à durée indéterminée.
D’autre part, en 2019, le nombre de clients des 208 prestataires d’activités écotouristiques affiliés au Club est estimé à 1 354 496 voyageurs, ce qui suppose un impact économique sur les différentes destinations de 164 977 610 €, en tenant uniquement compte du jour où l‘activité est réalisée. Ces entreprises fournissent un emploi direct à 1 414 personnes, 53,1 % de ces postes sont à durée indéterminée et les 46,9 % restants sont des postes occasionnels.
Compte tenu du fait que le nombre d’hébergements et de prestataires d’activités écotouristiques est beaucoup plus élevé dans les destinations qui abritent les espaces naturels protégés d’Espagne, l’impact économique en termes de chiffre d’affaires direct, de dépenses touristiques et d’emplois engendrés par le secteur de l’écotourisme est très significatif, d’autant plus qu’une grande partie de cet impact est généré dans des zones rurales.
Ce secteur était sans nul doute en hausse avant l’arrivée de la pandémie. Plus de la moitié des prestataires (54 %) ont enregistré une croissance entre 2017 et 2019, cette tendance étant encore plus marquée pour les prestataires d‘activités, pour lesquels ce pourcentage atteint les 66 %, et les entreprises offrant d’autres services complémentaires pour les écotouristes (musées, restaurants, produits agroalimentaires, artisanat, etc.) qui ont connu une croissance plus soutenue ces dix dernières années.
Les prestataires d’activités sont ceux qui marquent le plus la différence entre l’écotourisme et les autres produits touristiques également développés dans des destinations en nature : itinéraires d’interprétation de la nature, éducation environnementale, observation de la flore et de la faune, activités culturelles, etc. En ce sens, 21 % des prestataires offrent exclusivement des activités écotouristiques, alors que pour 43 % des prestataires; l’écotourisme constitue leur offre principale qu’ils combinent avec des activités de tourisme actif.
Quant aux hébergements, ce sont les gîtes ruraux en location ou partagés de catégorie moyenne, de petite taille et avec une capacité maximale de 25 personnes qui dominent (60 %). La plupart sont des bâtiments rénovés, situés au coeur des espaces naturels. Il existe également des hébergements de grande capacité, qui disposent d’une capacité de plus de 400 personnes dans certains cas : hôtels, campings ou centre de vacances dans les destinations à grande affluence.
Aussi bien les hébergements que les prestataires d’activités sont soumis à une certaine saisonnalité, les mois d’été étant ceux qui enregistrent les taux d’occupation les plus élevés, suivis du printemps, des ponts et des jours fériés. Malgré cela, 83 % des logements écotouristiques enregistrent un taux d’occupation annuel supérieur à 35 % et supérieur à 50 % dans 43 % des cas, les destinations comme La Gomera, Lanzarote et Sobrarbe se démarquant particulièrement.
Le profil de l’écotouriste
Selon les résultats de l’Observatorio, le profil de l’écotouriste reste celui d‘un homme ou d’une femme âgé entre 39 et 65 ans, avec un diplôme supérieur, un pouvoir d’achat moyen-élevé, ayant un travail et dont la motivation principale est de visiter l’espace naturel ou de découvrir et d’observer la nature (70 %). Il voyage fréquemment dans ces espaces (au moins une fois par an), généralement avec son partenaire (46,7 %), et passe de 3 à 4 nuits dans un gîte rural en location ou partagé (61,5 %) qui se situe au coeur de l’espace naturel qu’il visite.
Tout comme l’indiquaient les données de 2018, l’écotouriste type est un touriste peu spécialisé ou généraliste dans le sous-groupe des voyageurs intéressés par la nature. La classe la plus spécialisée des observateurs de la nature est extrêmement minoritaire (3 %), alors que les voyageurs qui pratiquentprincipalement du tourisme rural possèdent un poids relativement réduit (12 %) et équivalent à celui des visiteurs au profil plus sportif (12 %). La majeure partie des écotouristes sont des passionnés de la nature au sens large (28 %) et, surtout, des touristes qui visitent les espaces naturels pour admirer les paysages et visiter les villages (44 %).
Les activités les plus sollicitées durant un voyage sont la visite des villages et la découverte de la gastronomie locale, suivies par l’observation de la faune et de la flore et les activités de loisir, les itinéraires guidés, les randonnées et les itinéraires étant les activités les plus demandées. En ce sens, il est interpellant de voir qu’à peine 17 % des personnes interrogées ont recours à des prestataires d’activités, alors que 68 % des observateurs spécialisés de la nature font appel à des prestataires spécialisés.
On estime qu’en moyenne, un voyageur écotouriste dépense dans sa destination 121,80 €/personne/jour, presque 41 % du budget étant alloué au logement et 28 % à la nourriture. Le budget restant est consacré à l’achat de produits locaux et d’artisanat et à d’autres types d’activités liées à la découverte des valeurs naturelles et culturelles de l’espace naturel.
En général, l’écotouriste connaît déjà l’espace naturel qu’il visite. Lorsque ce n’est pas le cas, jusqu’à 63,4 % des personnes interrogées ont déclaré avoir choisi leur destination sur recommandation d’amis ou de la famille, ce qui réaffirme l’importance des recommandations d’autres voyageurs lorsqu’il s’agit de faire connaître la destination.
L’écotourisme en Espagne
D’après la Déclaration de Daimiel (2016), l’écotourisme est une forme de voyage dont l’objectif est de découvrir un espace naturel, de l’interpréter, de profiter de sa nature et de le visiter tout en appréciant et en contribuant de manière concrète à sa conservation, sans générer d’impact sur l’environnement et en ayant des retombées positives sur la population locale ». Les produits écotouristiques sont proposés par des guides et des petites entreprises d’activités locales, ainsi que par les services touristiques de base (logement rural, restauration, boutiques de produits locaux, transport pour se déplacer dans les espaces protégés, musées ethnographiques, centres d’interprétation, etc.) généralement assurés par des microentreprises situées aux alentours des espaces naturels.
L’écotourisme connaît un essor depuis quelques années et, selon The International Ecotourism Society (TIES), il représente déjà, avec les autres formes de tourisme de nature, 20 % du tourisme mondial et 7 % des dépenses totales en voyages internationaux.
En Espagne, le nombre de visiteurs dans les espaces naturels n’a cessé d’augmenter. En 2018, les espaces protégés sous les différentes formes de protection qui existent (parcs nationaux, parcs naturels, géoparcs, réserves de la biosphère, réseau Natura 2000, etc.) ont accueilli plus de 31 millions de voyageurs. D’après les données de la Fédération EUROPARC-Espagne, nos parcs nationaux ont accueilli 15,4 millions de visiteurs en 2018, soit une augmentation de 52 % par rapport à 2009, et les parcs naturels ont accueilli 16 millions de visiteurs, soit 88 % de plus par rapport aux chiffres de 2014.
La grande majorité de ces espaces naturels se trouvent dans des régions rurales, dont beaucoup dans ce que l’on appelle « l’Espagne vide ». Le dépeuplement du milieu rural est un fait : 87 % des municipalités de moins de 1 000 habitants se désertifient. Mais l’écotourisme est devenu une opportunité de développement socio-économique pour ces régions, générant des emplois et contribuant à retenir la population et les services, et à diversifier l’économie locale.
En plus de soutenir le développement local, l’écotourisme a pour principe fondamental de contribuer à la conservation de la biodiversité des espaces naturels dans lesquels il se déroule. Lorsqu’il est bien planifié et bien géré, l’écotourisme devient donc un outil qui contribue à atteindre n’importe lequeldes 17 Objectifs de développement durable (ODD) établis par l’Organisation des Nations Unies. Il contribue par ailleurs de manière directe aux ODD 12, 13, 14 et 15.
Ces dernières années, les destinations et les prestataires ont mis l’accent sur la durabilité en tant que stratégie clé pour le développement du tourisme.
Selon EUROPARC-Espagne, en 2018, l’Espagne comptait 27 destinations écotouristiques et plus de 400 entreprises touristiques situées dans les espaces naturels protégés et signataires de la Charte européenne de tourisme durable (CETD), un outil de la Fédération EUROPARC qui garantit cet engagement pour la durabilité, rendant compatibles développement socio-économique et conservation des valeurs naturelles du territoire.
Depuis 2009, le nombre de prestataires d’écotourisme accrédités par la CETD a augmenté de 400 %, un chiffre qui témoigne bien de l’augmentation de la demande et de l’offre pour ce type de tourisme.