Les médias sont bien occupés en ce moment avec les différentes élections en Europe: en Grande-Bretagne pour les élections législatives anticipées et en France pour les mêmes raisons.
A chaque fois, les caméras ou les micros sont dirigés vers les dirigeants politiques pour disposer de leurs avis. En réalité, comme l’écrivent Laurent Alexandre et Olivier Babeau, deux intellectuels français, dans Le Figaro, le vrai pouvoir aujourd’hui n’est plus à l’Élysée ni au numéro 10 de Downing Street, le vrai pouvoir il est dans les mains des sociétés américaines comme Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft ou chinoises comme AliBaba, Baidu ou Tencent !
Il suffit de regarder autour de soi, la plupart des règles qui structurent désormais nos vies sont moins le résultat de décisions prises dans un parlement que par des plateformes numériques ! Et comme le précisent ces deux intellectuels, les décisions majeures, qui vont déterminer le destin de notre monde dans 20 ou 50 ans, se prennent dans les bureaux de jeunes gens en t-shirt de la Silicon Valley et pas sous les lambris dorés de l’Élysée ou de n’importe quelle résidence d’un Premier ministre européen !
« La plupart des règles qui structurent désormais nos vies sont moins le résultat de décisions prises dans un parlement que par des plateformes numériques! »
D’ailleurs, la Bourse ne se trompe pas, elle sait reconnaître qui seront les vainqueurs de cette société de demain. Aujourd’hui, Apple est valorisée à 800 milliards de dollars en Bourse, c’est le montant le plus élevé jamais atteint par une société. Amazon n’est pas en reste et vient de rejoindre le club très fermé des entreprises dont une seule action se paie plus de 1.000 dollars ! D’ailleurs, aujourd’hui, Amazon, le premier e-commerçant du monde, vaut deux fois plus cher en Bourse que Wall Mart, le premier distributeur physique et qui emploie 2 millions de salariés. Cherchez l’erreur ! Quant à Apple, grâce à la vente de ses iPhones, la firme à la pomme pèse vingt fois le poids d’un géant comme Sony.
Donc, dans ce monde numérique de demain, ces deux intellectuels nous disent que l’Etat servira surtout à établir ou rétablir l’ordre, et à redistribuer une partie de la manne fiscale pour compenser tant bien que mal le décrochage d’une partie de la population. Pour ces deux observateurs de la vie sociale et économique, le vote populaire et extrémiste qui subsiste en Europe s’expliquerait comme une réaction désespérée d’une partie de la population qui sent que le pouvoir échappe à l’État et aux institutions traditionnelles.
Si ils ont raison, alors cela signifie que l’État ne décide plus de l’avenir – dans le meilleur des cas, disent-ils, l’État va s’efforcer de jouer au camion-balai pour les perdants de la mondialisation – et donc, leur cri du cœur est simple : l’État, nos Etats démocratiques doivent entreprendre un véritable Vatican II. Bref, ils doivent comprendre le monde numérique qui vient et nous donner les moyens à nous, et surtout à nos enfants, d’en profiter et non pas d’en subir les aspects négatifs.
Hélas le numérique est très souvent absent des discussions et débats politiques – et comme le disait je ne sais plus quel philosophe : ceux qui occupent le devant de la scène ne sont pas ceux qui font l’histoire !