Google tient une comptabilité détaillée de tous les mots figurant dans les requêtes qui sont soumises à son moteur de recherche. Cela lui permet de publier régulièrement un classement des sujets qui intéressent le plus les internautes, et qui évolue avec le temps.
Le mot « voyage », dans toutes les langues, est un de ceux qui reviennent le plus souvent, en dehors de toute actualité — dominée à partir de cette semaine par le football… Avec ses synonymes et d’autres mots-clés en rapport avec le voyage, comme avion ou hôtel par exemple, ces requêtes permettent de se faire une idée plus précise de ce que recherchent les internautes qui préparent leurs voyages. D’autant mieux que plus de la moitié des « parcours clients » commencent par une recherche sur le moteur Google.
Plus de domestique et de local
Et que disent ces recherches au moment où la pandémie du Covid-19 s’éloigne et où le tourisme redevient possible ? Comme on le sait déjà, les voyageurs sont demandeurs de mesures de flexibilité commerciale et de réassurance sanitaire. Cela restera bien évidemment vrai tout au long de l’année.
Pour ce qui est de leurs projets, le premier enseignement, c’est « la transformation du voyage vers plus de domestique et de local ». Avant la crise, 60% des requêtes effectuées par des utilisateurs français portaient sur des voyages en France.
En 2020, le pourcentage a grimpé à 80%. Et depuis le début de l’année, on est à 72% ! L’attrait pour le staycation est particulièrement palpable, relève Google, comme les requêtes ‘camper autour de chez moi’ qui avaient déjà progressé de 60% l’an dernier par rapport à 2019. Les activités proches du domicile ont d’ailleurs doublé.
Le privatif rassure
On note aussi un fort attrait pour les activités « nature » et des sites de moindre affluence. Les locations de vacances, dont le caractère privatif rassure, sont les grandes gagnantes de cette crise : la courbe des requêtes Google sur cette catégorie explose littéralement. Enfin, au gré des réouvertures des frontières, on voit le grand retour des « last minute », qui n’ont d’ailleurs jamais vraiment disparu.
[Source : L’Echo touristique]
Bien sûr, ces chiffres concernent le marché français et ne sont pas vraiment transposables sur le marché belge : la France dispose d’une offre touristique et culturelle extraordinairement variée comme sans doute aucun autre pays ne peut en proposer, en Europe en tous cas. On peut aussi prendre en compte le fait que les grandes villes, à commencer par Paris, sont peuplées de provinciaux, qui tous ont gardé des attaches avec leur « pays » d’origine. La mobilité des fonctionnaires, aussi, puisque c’est l’Administration qui décide de l’affectation des enseignants, des policiers, etc. Autant d’éléments qui ne sont pas valables en Belgique, où l’on peut par ailleurs traverser le pays en une demi-journée : pour ceux qui choisissent de rester en Belgique, la Vlaamse Kust s’impose aux Wallons qui ont envie de voir la mer, comme les méandres de l’Ourthe ou de la Semois et leurs collines boisées attirent les Flamands qui soupirent après un peu de relief… Qu’on y ajoute une météo généralement incertaine et on comprend mieux pourquoi tant de Belges passent leurs vacances à l’étranger.
Plus de voyages moins collectifs
Cela étant, les chiffres dévoilés par Google restent évidemment intéressants à plus d’un titre pour les professionnels du tourisme. Ils disent bien que les voyages à l’étranger se feront sans doute moins fréquents cette année, qu’il y a clairement une recherche de modes de voyages moins partagés, moins collectifs, et que c’est une tendance avec laquelle il va falloir compter. Qu’il faudra être techniquement capable d’accueillir les flux de dernières minutes.
Pour les agences de voyage, le défi va être de pouvoir répondre à ces nouvelles demandes. On ne saurait trop leur conseiller de s’investir encore davantage dans leurs points forts plutôt que de se disperser dans une hypothétique diversification tous azimuts, qui consommerait autant d’énergie et de moyens pour un résultat aléatoire.