L’année 2018 sera-t-elle celle du rebond pour la Tunisie ? Pour l’Organisation Mondiale du Tourisme (UNWTO), ce pourrait bien être le cas, notamment grâce à l’ouverture, entre autres, de trois nouveaux hôtels : le Four Seasons, qui vient d’ouvrir à Gammarth ses 203 chambres et suites, la plupart avec vue sur mer, un Ritz Carlton, qui doit encore y être inauguré cette année, auxquels il faudra ajouter l’Anantara Resort de Tozeur à l’été [Source : Skift], des hôtels de standing qui visent clairement une clientèle internationale avec des produits haut de gamme.
Mais une vraie reprise du tourisme suffira-t-elle à remettre le pays sur les rails ? Car sept ans (!) après la Révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir, si la démocratie a bien été rétablie, le pays est profondément endetté et les Tunisiens pointent du doigt la corruption du personnel politique et ses accointances avec les milieux d’affaires.
Quoi qu’il en soit, il semble qu’on assiste bien à un changement de stratégie qui consiste à cibler une clientèle plus aisée et, donc, privilégier désormais le revenu plutôt que le nombre.
130 sortes de couscous
Le deuxième axe de ce renouveau s’appuie sur la gastronomie. A force d’entasser des touristes dans des hôtels « all in » dont ce n’est généralement pas le point fort, on avait fini par oublier que le pays dispose d’une vraie et riche tradition culinaire, qui ne se limite pas au couscous. Dont il n’existerait paraît-il pas moins de 130 préparations différentes, les couscous à base de poissons demeurant une spécialité typiquement tunisienne.
Le cadre entre pour beaucoup dans le plaisir de la dégustation. Un des meilleurs couscous est proposé à Tunis, à l’entrée et dans le haut de la médina, au Dar Gelde — la maison du cuir, en français, une magnifique maison patricienne dissimulée derrière une imposante porte cloutée comme on les aime en Tunisie. On y déjeune dans ce qui fut sans doute le patio, sous une vaste verrière qui le protège désormais des intempéries.
Il y a sans doute de nombreux restaurants gastronomiques à Tunis, auxquels on peut ajouter ceux de Gammarth ou de La Marsa, la banlieue « chic » de la capitale. Dont le très élégant restaurant du Golfe, posé sur la plage, où l’on déguste, pour ainsi dire les pieds dans l’eau, les meilleurs poissons.
Le poisson sur toutes les tables
On n’en sera pas surpris : le poisson est présent sur toutes les tables de la côte tunisienne. A épingler : le Méditerranée, à Port El Kantaoui, d’où l’on jouit d’une très belle vue sur le port du « Saint Tropez tunisien ».
Le bar grillé se doit d’être arrosé d’un merveilleux vin blanc : le Jour et Nuit. Qu’on retiendra aussi pour une autre adresse, à Hammamet cette fois : le Barbarossa, perché en haut des murailles de la vieille ville, d’où l’on peut aussi contempler la plage, cette fois.
Si on n’aime pas le poisson, qu’on se rassure : le vignoble tunisien propose des vins rouges qui accompagneront idéalement les viandes grillées ou étouffées, comme le Magon et le Vieux Magon. La grande majorité est produite dans la région de Mornag et de Grombalia, dans un triangle formé par Tunis, Hammamet et le Cap Bon.
Les domaines ont pour nom Neferis ou Sidi Mrayah, entre autres. On peut aussi visiter Les Vignerons de Carthage, qui ont pour joli slogan « Les nouveaux vins de l’ancien monde » … ou découvrir quelques caves avec Mounir Daoudi, l’auteur et concepteur de la route des vins depuis 2002 déjà, avec un circuit dénommé le Rallye des caves de Tunisie.
Un tourisme viticole en devenir
Bien sûr, nous ne sommes pas (encore ?) en Bourgogne, où le tourisme viticole est une réalité ancienne et repose sur un accueil parfaitement organisé. Ici, il se pratique en groupes, le plus souvent de dix personnes au moins. Le fléchage est rare, mais il n’est pas rare, en revanche, nous confiait un tour-opérateur tunisien, de devoir traverser une décharge pour atteindre le saint des saints…
Et les maisons, où brûle parfois un feu de bois l’hiver, ne sont guère équipées pour offrir un confort plus que rudimentaire. L’accueil, en revanche, est toujours là, et les dégustations, surtout si on a la chance de se faire expliquer la genèse des cépages et la vinification par le sympathique Ahmad Kaddour, œnologue distingué et directeur de Vinitec.
Un projet humaniste
Et pour ceux qui ne jurent que par la cuisine française, on ne peut que recommander, mais à Monastir, L’Escargot, propriété de Chaieb Ezzedine, également président de la Chaîne des Rôtisseurs. Un homme passionné, et passionnant, pour qui la cuisine fait non seulement partie de la culture mais a scellé les relations entre les hommes autour de la Méditerranée pendant des siècles.
Et il a, le cher homme, un grand projet : organiser en Tunisie une semaine culinaire qui rassemblerait des chefs de tous les pays riverains — et au sens très large ! — qui seraient invités à partage leurs spécialités. Un projet humaniste, à dire vrai, peut-être pas si fou qu’il y paraît, et dont nous aurons sans doute à reparler.
(A suivre)
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