Suite de notre périple le long du fleuve Sénégal. Après avoir débarqué du mythique Bou El Mogdad, nous voilà au lodge Océan & Savane qui appartient aux mêmes propriétaires que le bateau, un campement plein de charme, aux cabanes et bungalows de luxe rénovés.
Une bonne partie de ce qui est devenu un groupe est donc passé du bateau au lodge Océan & Savane, en bordure du fleuve. L’établissement se trouve les pieds dans le sable, à une trentaine de km au sud de Saint-Louis, face à la célèbre Langue de Barbarie et à quelques coups de pagaies de pirogue de l’impressionnante embouchure du fleuve dans l’océan Atlantique.
Le campement, qui appartient au propriétaire du Bou, a dû déménager de la Langue de Barbarie menacée par la montée des eaux. Des brèches ont provoqué le déplacement des petits villages et perturbé l’écosystème, faune, flore et mangroves de ce qui est toujours classé comme Parc national. Reconstitué en plus confortable sur le continent, sur la Grande Côte, Océan & Savane est donc devenu un lodge. Les cabanes et les bungalows de luxe ont profité d’une belle rénovation. Le bâtiment central, totalement ouvert, appelle, à l’hospitalité généreuse, avec un desk discret et un bar au rez de chaussée et le restaurant à l’étage, une petite piscine, des terrasses et des espaces aérés. La convivialité du bateau est prolongée alors que le site est considérablement plus ample et les cabanes et les bungalows de luxe sur pilotis, répartis sur le domaine, sont très espacés.
Le campement de Sabine
La gérante du lodge Océan et Savane est Namuroise et tient les rênes de ce délicieux établissement depuis dix ans. Originaire de Falisolle, un petit village de Sambreville, Sabine Grégoire a découvert l’Afrique en réalisant des documentaires sur le continent noir, notamment au Burkina Fasso. Elle était bien dans l’audiovisuel, pas du tout issue du milieu du tourisme mais pigeon voyageur depuis l’adolescence. Le jour où son patron, un des actionnaires belges du Bou el Mogdad et du campement Océan et Savane, lui a proposé de s’occuper de la gérance du nouveau lodge. Elle a dû réfléchir très vite. Un mois.
« C’était le bon moment pour changer de vie. Je connaissais l’Afrique, le Bou et le campement. On a transformé celui-ci en vrai lodge, après avoir transporté quelques vestiges du campement sur des barges avant qu’il ne soit noyé. Les trois premières années, il n’y avait ni route ni électricité. Sans frigo, nous allions chercher le poisson tous les jours à Saint-Louis. Et, évidemment, pas de vie sociale, pas une petite boutique, une expo et un petit bar local. Puis nous avons eu de l’électricité de 18 à 24h et 9km de piste jusqu’il y a 5 ans. Là, avec enfin une route, les gens de Saint-Louis, à 35kms au nord, ont commencé à venir, ainsi que des expats et les croisiéristes du Bou pour un post-trip. »
« Le nouveau calendrier scolaire belge apporte de nouveaux clients. »
C’est effectivement l’extension idéale L’établissement accueille également pas mal de mariages, des team buildings, des rallyes. Il n’y a toujours pas de restaurant ou de cinéma dans le coin – mais le chef maitrise une excellente cuisine et Sabine se paie une soirée Netflix par semaine. En effet, elle a fini par s’installer dans une maison privée hors du campement. Où elle peut recevoir ses amis de Belgique, où elle rentre une fois par an. La nécessité de s’extraire du campement, où le staff réside dans son propre village, est impérative – « C’est la gestion au quotidien du personnel qui est le plus dur. » Quant au plus agréable, « ce sont les petits mots doux laissés par les clients et quand ils reviennent ».
Ici, on dit « le campement de Sabine ». L’ambiance est très conviviale mais on sent qu’elle tient son staff. Seule au début, « unique femme au milieu d’hommes – de culture musulmane », elle se fait coacher par Muriel, l’épouse de Jean-Jacques Bancal, qui gère de main de maître La Résidence à Saint-Louis. « Ce fut dur au début. L’équipe est grande, nous avons un taux d’occupation de 60% toute l’année, avec des pics au moment des vacances scolaires. D’ailleurs, le nouveau calendrier des congés scolaires belges nous fait bénéficier d’une nouvelle clientèle très familiale. Le festival de jazz de Saint-Louis, qui se déroule fin mai/début juin, nous amène également beaucoup de clients. »
Hamacs, pirogues et électricité
Comme beaucoup d’hôteliers, Sabine Grégoire a profité des mois de fermeture causés par la pandémie pour rénover certaines chambres et électrifier l’ensemble du campement. Désormais, on peut même se promener la nuit sans trébucher sur une racine de manguier et tout le monde a de l’eau chaude. Il y a de nombreux espaces conçus pour les enfants, avec des jeux en bois, une petite base nautique, un mini-golf, des hamacs et des fauteuils, des kayaks et des pirogues le long de la plage de sable blanc pour traverser le fleuve jusqu’à ce qu’il reste de Langue de Barbarie – plantes et faune endémiques et, de l’autre côté, le majestueux océan Atlantique. De nombreuses activités et excursions sont organisées par l’hôtel ou leur partenaire – la Langue de Barbarie (gratuit pour les résidents), les marchés de brousse, visite de villages, randonnée en VTT dans les dunes de Taré, Saint-Louis,… Evidemment, la demi-pension est incontournable. Pour le lunch, quand les clients ne sont pas en vadrouille, en excursion ou en visite à Saint-Louis, il y a une petite carte qu’on nous promet un peu plus fournie la prochaine fois.
Un ptit coin de paradis en sursis ?
Aujourd’hui que l’eau avance, provoquant des dégâts aux populations et à l’environnement, mettant en péril la ville même de Saint-Louis, Sabine adopte la philosophie de ceux qui l’entourent. « On parle de quinze ans si on ne fait rien. On n’y pense pas. On voit mais on ne veut pas stresser. On fait avec. » Un argument de plus pour inciter à explorer ce petit bout de paradis avant qu’il ne soit trop tard – considérant que ce n’est pas cette structure et les activités humaines du site qui mettent en péril l’environnement.
L’autre événement que d’aucuns pourraient prendre pour une menace, la rumeur d’un second Riu en projet dans la région de Saint-Louis, la ravit plutôt. « Il n’y a que 600 lits à Saint-Louis. Tout ce qui est nouveau bénéficie à tout le monde, et il y a de la diversité pour tous les styles de vacances. Surtout, nous n’attirons pas la même clientèle – qui pourrait peut-être tentée par une petite visite, qui sait ? » Cette initiative pourrait d’ailleurs profiter à tous puisque l’aérien suit. Ainsi la rénovation de l’aéroport international de Saint-Louis, prévu au programme de développement aéroportuaire du pays, devrait accueillir de nouvelles compagnies. « Des vols secs Luxair, TUI ou Transavia affrétés pour le RIU serviront tout le monde. » Le tourisme… et l’industrie pétrolière et gazière aussi.
Lire L’EXPERIENCE (1/3) et L’AVIS DES PROS ET DES CLIENTS (2/3)
EN PRATIQUE
. SN Brussels Airlines relie Bruxelles à Dakar sept fois par semaine avec un départ de jour et un retour de nuit pour un vol de 6h. Les transferts jusqu’à Saint-Louis et Podor (selon le sens de la croisière) sont assurés par le T.O. Travel Sensations. Le français est une des langues officielles du pays et on achète les francs CFA à l’arrivée. Courant 220 volts partout et sur le bateau. La croisière est vraiment all in, toute la journée.
. Passeport valable six mois après le retour – pas de visa. Aucun vaccin obligatoire outre les usuels. Répulsif moustiques sur terre mais les insectes n’embarquent pas sur la croisière. A l’issue de celle-ci, outre Océan & Savane, les environs de Saint-Louis proposent d’autres activités et visites – n’hésitez pas à conseiller vos clients.
En savoir plus
. Travel Sensations https://www.travel-sensations.com/fr/ + [email protected] + [email protected]
. Bou el Mogdad bouelmogdad.com/
. Océan & Savane oceanetsavane.com/
. La Résidence hoteldelaresidence.com/