Les acteurs mondiaux de l’industrie de la croisière sont réunis cette semaine à Gênes, dans le cadre de la Cruise Week Europe. L’un des objectifs majeurs du sommet organisé par la CLIA (Cruise Lines International Association) est sa volonté de dessiner l’avenir durable du secteur.
L’association, qui représente 95 % de la flotte mondiale de navires de croisière, entend en effet jouer un rôle central dans l’engagement de l’industrie à s’aligner sur les objectifs environnementaux 2030 et 2050 de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), et sur ceux de l’Europe dans le cadre de l’initiative FuelEU Maritime.
Afin qu’elle serve de feuille de route et façonne l’approche de l’industrie des croisières en matière de durabilité pour les décennies à venir, la CLIA a commandé une étude à l’italienne RINA, société de certification et leader en ingénierie et conseil maritime. L’étude vise à tracer le futur de la décarbonisation des navires de croisière et des infrastructures portuaires dans le monde entier. Elle doit fournir un plan d’investissement mondial pour verdir le secteur, des pistes afin d’aller plus loin dans l’atteinte des objectifs de zéro émission nette, une cartographie des besoins énergétiques, l’évolution des infrastructures et des réglementations s’inscrivant dans des scénarios prospectifs s’étendant jusqu’en 2050, l’impact sur la conception et l’exploitation des navires…
Le secteur de la croisière se veut désormais l’un des plus actifs de l’industrie maritime en matière de durabilité. Les ports posent les premiers jalons : d’ici 2028, plus de 70 % de la flotte des compagnies de croisière membres de la CLIA disposeront d’une capacité d’alimentation électrique à quai.
Les compagnies maritimes vantent aussi leur volontarisme : 55 navires de croisière sont en commande dans le monde, pour les cinq prochaines années, pour un investissement total de 33,9 milliards d’euros ; parmi ces nouveaux navires, 36 seront alimentés au GNL et 7 seront propulsés ou capable de fonctionner au méthanol.
A Gênes, l’industrie de la croisière en a profité pour interpeller les gouvernements sur la nécessaire augmentation rapide de la production de bio-carburants et de carburants de synthèse (e-fuels). En Europe notamment, les filières sont tout juste naissantes. Or, pour répondre aux objectifs de décarbonation fixés par l’Union Européenne à l’horizon 2030, Clia estime que 44 000 tonnes de carburant durable sont nécessaires pour le transport maritime en Europe d’ici la fin de l’année prochaine. On en est loin… Et l’on peut redouter que ce carburant « propre », une fois disponible, soit accessible à un prix autrement plus élevé que le fuel actuel. Avec, comme l’anticipe le secteur du transport aérien pour le prix des vols, un impact sur les tarifs des croisières.