Le retour du vol supersonique

Depuis la fin du Concorde, la perspective de voler en avion supersonique est passée aux oubliettes. Pourtant, de nombreux projets de jets ultrarapides sont en cours. Franchir le mur du son (1.224km/h ou Mach 1) en tant que passager transformerait considérablement le monde de l’aérien.

Remettre le supersonique à jour

C’est avec la mise en service du Concorde en 1976 que les vols commerciaux ont pu atteindre la vitesse record de 2.179km/h. En 2003, l’expérience prend fin, la consommation de carburant étant telle que l’utilisation de l’appareil ne devenait plus rentable. Il faut ajouter à cela les nouvelles normes contre la pollution et le bruit.

Avec le progrès de la technologie, une poignée de chercheurs et d’industriels espèrent bien remettre le vol supersonique au goût du jour, avec des vitesses encore plus spectaculaires. Certains vont jusqu’à imaginer un vol Paris-New York en 12 minutes à 20.000km/h ! C’est le projet d’avion Antipode de Bombardier. S’il venait à se réaliser, cet avion serait douze fois plus rapide que le Concorde.

Du rêve à la réalité ?

Évidemment, ces rêves restent à l’état de projet. « Les matériaux manquent encore pour de telles prouesses », rappelle Philippe Boissat, consultant en aérospatiale chez Deloitte. Mais il se pourrait bien que l’on passe rapidement du rêve à la réalité : « pour atteindre Mach 3 ou [même] Mach 4, en revanche, la technologie est prête à être maîtrisée ».

Plusieurs grands groupes sont sur le coup. La NASA a accordé vingt millions de dollars à Lockheed Martin pour travailler sur un concept de technologie supersonique et … silencieuse. C’est en travaillant sur la forme de l’avion qu’on pourrait éviter le bang supersonique, tout en réduisant la friction de près de 80% grâce aux ailes courtes de l’appareil. Les premiers essais sont déjà prévus pour 2020.

Les États-Unis en première ligne …

Autre modèle en projet : l’Aerion AS2 (photo). « C’est de loin le projet le plus avancé dans le domaine », affirmait Jef Miller, vice-président d’Aerion Corporation, à Paris Match au printemps dernier. La société espère obtenir la certification du jet en 2021 pour le commercialiser dès 2023 à 120 millions d’euros pièce. Aerion prévoit d’en vendre 600 dans les vingt prochaines années. Par contre, règlementation internationale oblige, la vitesse de pointe de l’AS2 sera inférieure à celle du Concorde avec 1.930km/h. Une telle vitesse permettra tout de même de gagner trois heures de vol entre Paris et Washington. Vingt exemplaires ont déjà été commandés par Flexjet. »

Le « low cost » est aussi de la partie, puisque la société américaine Boom Technology promet un aller-retour Londres-New York à 5.000 dollars (soit deux fois moins cher qu’un Paris-New York en Concorde en 2003) avec une vitesse de pointe de 2.700km/h. Le premier vol est prévu pour fin 2017 et Virgin Atlantic a commandé 10 modèles.

… Mais ralentis par la règlementation

Si l’avancée des projets est surtout américaine, on pourrait presque se demander comment. En effet, d’aucuns avancent que si l’administration de l’aviation fédérale (FAA) n’empêchait pas les innovations en termes de vol supersonique, nous pourrions nous déplacer autour du monde en un éclair.

Avec la compétition du marché aérien et la recherche est apparue l’innovation. Si le vol supersonique est devenu une réalité entre 1976 et 2003, la plupart des avions d’aujourd’hui ont une vitesse de croisière bien en-dessous de la vitesse du son (un Boeing 747-B standard n’ayant qu’une vitesse de croisière de 900km/h). Depuis 1976, on constate que les innovations en termes de vitesse dans le transport aérien ont subi un arrêt soudain. En cause : la FAA qui a interdit les vols supersoniques au-dessus des États-Unis en 1973. Avec d’autres activistes civils, la FAA s’est inquiétée des potentiels dommages que les ondes de choc compressées dans le bang supersonique pourraient causer sur l’environnement ou les infrastructures civiles.

Principe de précaution vs. Science & Innovation

Pourtant, cette interdiction n’était basée sur aucune preuve mais sur un « scepticisme instinctif de la technologie », avance le Wall Street Journal. En effet, les tests menés entre 1958 et 1968 ont démontré que les bangs supersoniques générés par les avions en conditions terrestres étaient prévisibles et peu sonores. 73% des participants ont déclaré qu’ils pouvaient supporter sans problème les effets des vols supersoniques. D’autres tests ont été menés en 1965 pour vérifier la résistance des matériaux. Après quelques 1.500 détonations, seules certaines vitres mal installées se sont fissurées.

Dès lors, tous ces investissements ne serviront à rien si la règlementation n’est pas modifiée. Autoriser les vols supersoniques au-dessus du territoire américain pourrait largement augmenter les chances de rentabilité pour ce marché historiquement exigeant.

 

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