« Le populisme, c’est de l’amateurisme »

Le Premier ministre Charles Michel a raison de dire que le président Trump et le Brexit sont une chance pour l’Europe ! D’ailleurs le magazine britannique The Economist, sans doute le meilleur magazine du monde, a mis sur sa couverture Emmanuel Macron qui marche sur l’eau tandis que Theresa May est en train de couler.

Les plus mauvaises langues diront que c’est juste une caricature et que le dernier à avoir marché sur l’eau, cela s’est hélas mal terminé pour lui. Mais toujours est-il que c’est vrai, le Brexit et Trump ont renforcé l’Europe comme jamais.

Pour le Brexit, c’est simple: face aux Britanniques, on avait jamais vu les Européens parler d’une seule voix, sans discordance. Or, c’est le cas aujourd’hui, il n’y a pas l’ombre d’un désaccord entre eux. Michel Barnier, l’ancien commissaire européenne qui nous représente à ces négociations de divorce avec les Britanniques est soutenu par tous les pays de l’Europe. Et comme Theresa May est sortie fragilisée avec ses élections anticipées, c’est aujourd’hui l’Europe qui dicte le tempo aux Britanniques !

« Trump fait la démonstration au monde entier que le populisme, c’est bien souvent de l’amateurisme »

Quant à Trump, plutôt que de se plaindre de ses bourdes à répétition, il faudrait le remercier. D’abord, à lui seul, il fait la démonstration au monde entier, que le populisme, c’est bien souvent de l’amateurisme. On dénonce, comme il l’a fait, l’élite politique et économique et puis on dit qu’on va voir ce qu’on va voir. Et à l’arrivée, on trouve un ancien chef d’entreprise qui découvre que la géopolitique et l’économie, c’est bien plus complexe que des slogans au comptoir d’un café. À la télévision ou dans un meeting, ça met du baume au cœur des classes défavorisées, mais à l’arrivée, ce sont ces classes défavorisées qui paient l’amateurisme d’un Trump.

Et puis, quand Trump vient à Bruxelles, dans le cadre de sa visite à l’Otan, et qu’il fait comprendre qu’il ne faut pas compter sur lui en cas d’attaque parce qu’il veut d’abord que les Européens paient davantage pour leur défense, il provoque un sursaut d’orgueil de la part de ces mêmes Européens. C’est une manière de dire que le roi est nu et qu’il ne faut plus compter sur lui pour nous défendre.

C’est excellent pour l’Europe qui patinait depuis des dizaines d’années autour du financement de sa propre défense. Les Européens savent maintenant qu’il ne faut pas trop compter sur le parapluie militaire américain. Et même si depuis lors Trump a retourné sa veste en indiquant qu’il interviendrait quand même si l’un des pays de l’Otan était attaqué, c’est en quelque sorte trop tard, les Européens ont compris qu’avec un locataire fantasque à la Maison Blanche mieux valait compter sur soi-même.

Il parait même que le président américain a eu l’inélégance de présenter une facture rétroactive de 375 milliards de dollars qui serait due par l’Allemagne à l’Otan. À ce jeu-là, les États-Unis sont également perdants, car demain, les Européens auront beau jeu de réclamer des centaines de milliards aux multinationales américaines de type Google, Apple, Facebook ou Starbucks qui ne paient quasiment pas d’impôt sur le territoire européen grâce à des montages fiscaux alambiqués.

Charles Michel a donc raison de dire qu’il faut se féliciter du Brexit et de l’arrivée de Trump au pouvoir. Ils renforcent notre cohésion au sein de l’Europe et ils démontrent que le populisme, c’est de l’amateurisme. Rien que pour cela, on peut dire Thank You à Theresa May et à Donald Trump !

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