Aujourd’hui, rester anonyme sur Internet demande beaucoup de sophistication… et pas mal de parano.
Vous connaissez sans doute cette blague potache qui veut que, lorsque Moïse est redescendu de la montagne, après une longue absence, il s’adressa à son peuple et lui dit: j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Par laquelle voulez-vous que je commence ? Et le peuple de crier d’une seule voix: par la bonne !
Et Moïse de répondre: la bonne nouvelle, c’est que j’ai réussi à convaincre Dieu de nous imposer 10 commandements au lieu de 15 ! Et là, la foule crie à nouveau d’une seule voix: Alléluia. Et puis, Moïse prend un air grave et dit que la mauvaise nouvelle, c’est que l’adultère figure toujours parmi les 10 commandements…
Eh bien, aujourd’hui, on pourrait dire que la bonne nouvelle, c’est que la transparence est entrée dans les moeurs. Et que la mauvaise, c’est que l’anonymat est devenu un luxe ! Sauf à vivre sur une île déserte, chacun sait aujourd’hui que toute personne qui a un smartphone, Internet et une carte de crédit n’a plus aucune chance de rester anonyme. Nous n’avons plus de secrets, ni pour les annonceurs ni pour notre gouvernement et encore moins pour un acteur malicieux qui voudrait abuser de notre confiance.
« Pour protéger nos données personnelles, nous devrons désormais protéger le lien le plus faible de la chaîne dont nous faisons partie »
Bien entendu, il est toujours possible d’aller sur Facebook par exemple et d’effacer l’historique de nos recherches. Et demain, il sera sans doute même possible de payer les réseaux sociaux pour ne pas nous suivre. Mais reconnaissons-le, aujourd’hui, rester anonyme demande beaucoup de sophistication et pas mal de parano. Pourquoi ? Parce que les personnes qui veulent avoir des infos sur nous n’ont plus besoin de nous contacter, elles peuvent disposer de toutes les informations nécessaires auprès de nos amis et autres contacts sur les réseaux sociaux.
Notre information, parfois la plus secrète, est donc déjà stockée chez nos amis. En termes de sécurité, pour protéger nos données personnelles, nous devrons désormais protéger le lien le plus faible de la chaîne dont nous faisons partie. N’oublions pas que le scandale Cambridge Analytica a démontré qu’avec 270.000 personnes qui téléchargent une application, cette PME a pu influencer les idées politiques de 87 millions d’usagers de Facebook !
Et juste pour vous donner une autre idée, le Wall Street Journal a rappelé qu’un professeur de l’Imperial College de Londres a fait un calcul qui fait froid dans le dos: avec un simple logiciel malicieux qui s’infiltrerait dans 1% des smartphones de Londres, un pirate pourrait localiser tous les mouvements de la moitié de la population de Londres !
En résumé, nos données ne sont plus en sécurité. Et demain, sans aucun doute, l’anonymat sera le luxe suprême, et je vous prédis déjà que seuls les riches et puissants pourront en disposer. Tous les autres seront nus comme des vers…