Notre monde ne va pas bien – on l’a encore vu à Londres – mais est-il aussi horrible qu’on le pense ? N’y a-t-il pas des nouvelles plus positives que nous ne voyons pas (ou plus) et qui nous donnent pourtant motif à espérer ?
L’actualité n’incite pas toujours à sourire, on l’a encore vu hier avec le drame de Londres. Pourtant, quelques auteurs – encore peu nombreux, c’est vrai – nous incitent à voir le monde avec d’autres lunettes plus optimistes et paradoxalement aussi plus réalistes. Mais comment y arriver alors que les médias et les réseaux sociaux sont branchés jour et nuit sur l’actualité qui est, hélas, anxiogène ?
Le défi n’est pas simple, ni pour les médias en question, ni pour nous. Prenons le discours du « c’était mieux avant » que l’on entend partout aujourd’hui. Les anglais ont été sensibles à ce discours du retour en arrière, vers un âge d’or perdu, sans quoi ils n’auraient pas voté pour la sortie de l’union européen. Le slogan des tenants du Brexit était « take back control ». Quant aux Américains qui ont voté pour Trump, ils ont été sensibles au slogan « America Great Again », tout est donc dans le mot « again ».
Bref, aujourd’hui et demain sans doute, des millions de citoyens auront tendance à pencher pour des partis populistes qui leur diront qu’hier c’était mieux et qu’il ne tient qu’à eux pour qu’on remonte dans le temps.
C’est notamment cette idée d’un passé meilleur que fustige Erwan Le Noan dans son livre La France des opportunités. Le sous-titre de son livre résume, en fait, tout son propos: « toutes les bonnes nouvelles qu’on ne vous dit pas ». Il concerne aussi bien les Français, que les Belges ou d’autres citoyens européens qui ont le sentiment que l’Etat-providence fout le camp, que leur pension ne sera pas payée (ou alors mal) ou que les robots et autres algorithmes vont leur piquer leur job. Toutes ces menaces existent mais elles sont bien souvent gonflées, exagérées. J’y reviendrai dans le cadre d’une autre chronique.
« Le monde va mieux qu’on ne le pense, en voici la preuve »
Prenons aujourd’hui juste le discours du « c’était mieux avant ». Sans remonter au Moyen-Age, pensons aux 30 glorieuses, les fameuses 30 années juste après la seconde guerre mondiale, considérées comme des années de croissance fabuleuse. L’écrivain Erwan Le Noan nous rappelle que nos grands-mères de l’époque devaient être très épanouies.
En effet, les tâches ménagères n’étaient pas automatisées, elles devaient trouver là de quoi s’occuper lorsqu’elles n’avaient pas la tâche des enfants ! A l’époque, nous rappelle-t-il, près d’un salarié sur quatre était ouvrier : comme son bonheur devait être grand de travailler dans des emplois pénibles avec le système des trois-huit…
Un autre auteur, Jacques Lecomte (1) nous dit qu’à rebours des idées reçues, notre humanité est bel et bien en progrès. Nous avons une majorité de démocraties dans le monde, la mortalité maternelle et infantile a été divisée par deux depuis 1990, nous avons assisté sans le savoir à l’éradication planétaire de la variole, ou encore, on a redécouvert 350 espèces d’animaux considérées comme disparues…Quant au nombre de pays ayant aboli la peine de mort, il a été multiplié par 13 depuis 1950 et en 20 ans, on a assisté dans l’indifférence totale à une chute de 65% de nombre d’homicides.
En résumé, à en croire ces auteurs, le monde n’est bien entendu pas encore le paradis escompté, mais il va souvent mieux qu’on ne le pense. En clair, dire que le monde va mieux que nous le croyons ne signifie pas que le monde va bien. Mais le réalisme – disent ces auteurs atypiques – c’est aussi de mesurer le chemin déjà parcouru et d’encourager à poursuivre l’action. D’où la nécessité de rester optimiste !
Jacques Lecomte, Le monde va beaucoup mieux que vous ne croyez, éditions Les Arènes