Le monde serait-il devenu plus sûr en 2016 ?

Tout au long de l’année 2016, nous avons eu l’impression d’être inondés d’informations chargées en événements tragiques : terrorisme, conflits, crashs d’avions, catastrophes naturelles, crises économiques … Au point que beaucoup finissent par considérer l’année 2016 comme l’une des pires. Pourtant, les données récoltées par Knoema semblent indiquer le contraire. En effet, le monde est devenu plus sûr en 2016 qu’il ne l’était en 2015.

Les faits, rien que les faits!

En recensant l’ensemble des statistiques et des données les plus fiables, la société Knoema a pu dresser un bilan sur l’état du monde et la façon dont il a changé au cours de cette dernière année. Seul le nombre de morts dus au terrorisme n’a pas encore pu être établi avec certitude, car la base de données pour l’année 2016 n’a pas encore été publiée.

Refugie_Choucha_Tunisia_1Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays pour cause de conflits armés a diminué de près de 60%, passant de sept millions en 2015 à trois millions en 2016. Rappelons que près de la moitié de toutes les victimes du terrorisme sont au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et que les pays les plus touchés sont l’Irak, l’Afghanistan, le Nigeria et la Syrie.

Malgré tout, le nombre de personnes tuées par des terroristes au Pakistan, un des pays les plus touchés, a diminué de plus de 50%, passant de 3.682 morts en 2015 à 1.803 en 2016. En Afrique aussi, le nombre de morts lié aux conflits armés a considérablement diminué en 2016, passant de 36.000 à 29.000 morts.

Les États-Unis font figure d’exception

L’année dernière, les médias américains et la campagne présidentielle ont mis en lumière les tensions (notamment raciales) dues aux fusillades mortelles de la police. Pourtant, le nombre total de personnes abattues par la police aux États-Unis a légèrement diminué, passant de 991 personnes en 2015 à 963 en 2016.

indexUn nombre qui reste bien entendu élevé, mais qui n’a pas à rougir face au nombre de tués dans les fusillades de masse aux États-Unis.

En effet, c’est dans les statistiques américaines qu’on observe une tendance à l’aggravation : le nombre de personnes tuées dans cette seule catégorie de crime violent a augmenté de 25% entre 2015 et 2016, passant de 367 à 458 morts.

Et les crashs d’avion ?

Tout le monde aura l’impression que 2016 a été une année riche en crashs d’avions. Comme celui transportant une équipe de football brésilienne et bien sûr le crash d’EgyptAir dans la Méditerranée. Et pourtant, loin des gros titres, le Bureau of Aircraft Accidents Archives nous apprend que les morts dues aux crashs d’avions ont diminué de 30% en 2016, passant de 898 à 629.

Le « mort kilométrique »

Malheureusement, l’Europe a aussi été un théâtre du terrorisme en 2016. L’attaque du camion à Nice et les attentats du 22 mars à Bruxelles ont profondément marqué nos opinions publiques, déjà frappées par les attentats du Bataclan l’année précédente.

53974521ca9e64fb3577cf5e05158Relativement épargné par le terrorisme jusqu’à il y a quelques années, le Vieux Continent a pris conscience de la menace. C’est aussi ce qui explique la panique engendrée et la couverture médiatique des événements, les deux s’alimentant réciproquement.

Car comme le disait Raymond Aron, « le terroriste ne veut pas que beaucoup de gens meurent, il veut que beaucoup de gens sachent ».

Force est de constater que l’objectif a été atteint, puisqu’il faut garder à l’esprit que les morts dues au terrorisme en Europe représentaient moins de 0,5% de ses victimes dans le monde en 2015. Cela n’enlève bien sûr rien à la gravité des faits qui ont touché les Européens, mais la couverture médiatique suivant le principe du « mort kilométrique » risque de déformer la perception de la réalité au sein de l’opinion publique. Concentrés sur « nos » morts, nous risquons d’oublier ceux des autres.

Impact sur le tourisme

Évidemment, nous savons que les attentats, en France comme en Belgique, ont eu un impact très négatif sur le tourisme. La Tunisie et l’Égypte en ont largement fait les frais. Actuellement, c’est surtout la Turquie qui en subit les conséquences. Mais d’autres pays sont concernés. En Afrique de l’Ouest, les attaques de Boko Haram affectent la fréquentation dans toute la région, et la Côte d’Ivoire a également été fragilisée par un attentat.

Photo ©Hervé Ducruet
Photo ©Hervé Ducruet

Indéniablement, le terrorisme est appelé à devenir un facteur incontournable et majeur du tourisme mondial pour les années à venir.

La menace n’empêche pas nécessairement les gens de voyager, mais modifient leurs destinations. Pour l’instant, c’est l’Europe du Sud, l’Asie, les Amériques et le Canada – mais aussi l’Afrique subsaharienne – qui récupèrent des parts de marché et s’en sortent particulièrement bien. Ainsi, au niveau mondial, le marché rebondit et le Conseil mondial du tourisme et du voyage continue de prévoir une croissance.

Difficile de mesurer le véritable impact de la menace terroriste sur le consommateur, mais un sondage réalisé par IPK International, consultant spécialisé dans le tourisme, affirme que 40% des voyageurs internationaux sont influencés par le climat de menace terroriste, tandis que 15% déclarent renoncer à se rendre à l’étranger et 25% choisiront des destinations perçues comme plus sûres.

EPHESEOr, le traitement médiatique des attentats entre clairement en jeu dans la perception de la menace par le public, qui se retrouve parfois en décalage avec les faits.

Il est tout aussi difficile de déterminer les meilleures stratégies à mettre en place pour revaloriser le tourisme dans le contexte de la menace terroriste. Les destinations concernées développent une double stratégie de réponse immédiate : renforcer l’appareil sécuritaire, et engager des campagnes de promotion susceptibles de rétablir la confiance.

Rappelons que « la peur n’enlève pas le danger ». Or, pour Chris Goater, porte-parole de l’association internationale du transport aérien (IATA), qui tablait sur une croissance de 6% du trafic passager en 2016, « le désir de voyager surpasse le sentiment de peur ».

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