Le Maroc a été très affecté par la pandémie de Covid-19. Mais le secteur touristique marocain a retrouvé le sourire. En 2022, les arrivées touristiques dans le royaume chérifien se sont établies à 10,9 millions, contre 4 millions en 2021. Et les projections pour 2023 – 13,5 millions – laissent entrevoir une année meilleure que celle de 2019 (13 millions).
«A fin juin 2023, le nombre d’arrivées s’élève à 6,5 millions de touristes, soit une croissance de 21% par rapport à 2019», a d’ailleurs indiqué dans un communiqué ce lundi le ministère marocain du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire.
A fin mai, la plupart des grands marchés émetteurs avaient progressé, par rapport aux mêmes mois de 2019, à l’exception notable des marchés allemand, hollandais et… belge (baisses respectives de 34, 37 et 24%).
Doubler le nombre de visiteurs à l’horizon 2030
Comme le rappelait récemment la ministre du tourisme Fatim-Zahra Ammor, le gouvernement entend doubler le nombre d’arrivées touristiques par rapport à la période pré-pandémique, pour atteindre les 26 millions en 2030. Avec comme objectif de faire du Maroc l’une des vingt plus grandes destinations mondiales.
Un plan de développement touristique viserait même les 65 millions de visiteurs en 2037, soit cinq fois plus qu’aujourd’hui et… autant que l’Italie et la Chine en 2019. Un objectif peu crédible celui-là, même si la destination – pourtant déjà mature il y a vingt ans – est passée de 4,4 millions en 2001 à 13 millions en 2019 !
Le bilan du développement touristique n’a pas en effet toujours donné satisfaction. Ainsi, seules Saïdia et Taghazout – soit deux des six stations balnéaires prévues dans le plan Azur annoncées au début de ce siècle – sont aujourd’hui sorties de terre, sans d’ailleurs donner pleinement satisfaction. Or, le Maroc a un impérieux besoin de diversifier son offre, de réduire le poids de Marrakech et Agadir dans son tourisme, ceci même si quinze nouvelles zones touristiques, selon le média marocain Aujourd’hui le Maroc, sont en projet à Agadir, dont quatre déjà en cours d’aménagement. Parmi les destinations à fort potentiel, on citera Fès-Meknès et la baie d’Imsouane au nord d’Agadir.
La récente feuille de route stratégique 2023-2026 du secteur vise déjà à atteindre les 17,6 millions en 2026. Le Royaume entend s’appuyer sur des filières thématiques (beach & sun, désert et oasis, nature, MICE…) et transversales (festivals, gastronomie…), développer et rénover son hôtellerie, renforcer ses efforts en matière de promotion, de marketing et d’ingénierie touristique, ses partenariats avec les tour-opérateurs et les réseaux d’agences de voyage. Elle espère même profiter de l’impact d’une co-organisation de la Coupe du monde de foot 2030 avec l’Espagne et le Portugal (la FIFA dévoilera le ou les pays hôtes l’an prochain).
Doubler la capacité de sièges d’ici 2030
Encore faut-il disposer des vols pour faire venir ces millions de touristes supplémentaires. Pour Adel El Fakir, directeur général de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), il faut doubler la capacité de sièges d’ici 2030, la faire passer de 14 millions aujourd’hui à 28 millions dans sept ans.
Le Maroc compte surtout sur sa compagnie aérienne Royal Air Maroc, dotée depuis peu d’un nouveau contrat-programme pour la période 2023-2037. Son objectif, faire passer sa flotte de 50 à 200 avions d’ici 15 ans… soit presque autant que celle d’Air France aujourd’hui (213 avions au 31 décembre 2022).
Le contrat-programme prévoit un renforcement de la participation de l’Etat dans la compagnie, afin d’accompagner son développement. La RAM ouvrirait ainsi de nouvelles destinations internationales, et contribuerait à désenclaver certaines régions du Royaume. Le transporteur a ainsi annoncé qu’elle allait renforcer les liaisons aériennes domestiques par la mise en place de 46 nouvelles dessertes. Et le développement de son hub de Casablanca doit permettre à l’aéroport d’intégrer «le top 3 en Afrique en termes de trafic et de connectivité »…