Les Suisses possèdent un réseau interconnecté de trains, bateaux, téléphériques qui permet de traverser le pays sans utiliser la voiture. Nous avons pris le Glacier Express, « le train rapide le plus lent du monde », et, en ralliant Zermatt à Davos, nous avons profité durant plusieurs heures des beautés cachées de la montagne, de l’époustouflant Cervin aux gorges du Rhin.
Notre voyage débute à Zermatt. Il s’agit d’une des stations les plus sélectes de Suisse, qui attire alpinistes et randonneurs, skieurs et fashionistas. Ce village de montagne est le plus célèbre avec la montagne la plus photographiée au monde. Point de rencontre des alpinistes, des fous de ski, des hédonistes et des amoureux de la nature.
Le village alpin est très facilement accessible en train. Il n’y a jamais eu de voitures à Zermatt. Eté comme hiver, on s’y déplace à pied, en calèche ou en électro-taxis qui acheminent les bagages à travers les ruelles étroites jusqu’aux hôtels et appartements de vacances.
L’ascension du Mont Cervin (4’478 m) est toujours aussi fascinante pour les alpinistes qui partent sur les traces d‘Edward Whymper, le premier à avoir vaincu la montagne en 1865 et à rejoindre le sommet par le célèbre Hörnligrat.
« Au temps de la première ascension du Cervin, Zermatt était un petit village minier de 400 âmes, raconte Magalie Perren, de l’Office du Tourisme. Botanistes, minéralogistes, quelques érudits tout au plus en prenaient le chemin. En l’absence d’auberge, ils y trouvaient une chaleureuse hospitalité auprès du curé. Il faudra attendre le 14 juillet 1865, et de nombreuses tentatives pour que le sommet du Cervin soit atteint. Cette ascension fut considérée comme le dernier des grands exploits de l’alpinisme dans les Alpes. Malheureusement, lors de la descente quatre des sept membres trouvèrent la mort. »
Nous quittons donc la désormais tape-à-l’œil Zermatt à 8h52 à bord du « Glacier Express ». À travers la vitre de ce train rouge arborant fièrement la croix helvétique, on observe des forêts de mélèzes sauvages, des sites ponctués d’ouvrages de protection contre les avalanches et des tunnels. L’histoire du Valais se filme, celle de Brigue aussi. De nombreux randonneurs y quittent le train avec comme but une rando dans les environs du glacier d’Aletsch.
La source
À Andermatt, nouvelle gare. Nous sommes au cœur du pays. Au nord se situe le spectaculaire défilé rocheux des Schöllenen, avec son pont du Diable jeté sur le torrent de la Reuss.
On se souvient qu’une scène du film Goldfinger, celle où James Bond emmène Tilly, en panne dans sa Ford Mustang, a eu pour cadre une station essence d’Andermatt. On ne pourra voir cette station mythique pour les fans de l’espion anglais, car elle a été fermée en 2014, alors que le film célébrait son 50e anniversaire.
Ce fait, purement anecdotique, n’intéressera que les cinéphiles, d’autant que le décor qui nous attend ici est grandiose… Même notre locomotive semble subjuguée, impressionnée par ce panorama sublime. Elle a alors recours, bien modestement, à une crémaillère pour gravir le versant qui mène au col de l’Oberalp, point culminant de notre voyage et berceau du Rhin, qui prend naissance dans les environs.
Entre le monastère de Disentis et la vieille ville de Coire, le train défile entre des falaises vertigineuses hautes de 400 mètres. Disentis, arrêt incontournable. D’abord, la source du Rhin, pas très éloignée de cette ville.
Ensuite, la région doit son importance aux cols du Lukmanier et de l’Oberalp. Le premier mène au pied du Gothard direction Andermatt. C’est un point de départ idéal pour des randonnées à pied ou en vélo.
Enfin l’abbaye présente notamment un grand intérêt. Fondée au 8e siècle, elle est l’une des plus anciennes abbayes bénédictines d’Europe. Les deux clochers à coupoles, la richesse des stucs et les fresques du plafond de la collégiale baroque de 1712 font de cette dernière un édifice sacré grison particulièrement intéressant.
Les Gorges
Mais revenons-en à notre voyage en train dans un paysage unique dans les Alpes, composé de roches calcaires blanches et grises friables, sous forme de blocs et d’aiguilles monumentales de toutes formes. A couper le souffle. On a beau se retourner, tenter d’arrêter le temps devant cette splendeur, tout va trop vite et le train entre déjà en gare de Coire.
A Chur, de magnifiques paysages alpins se dessinent à l’horizon, au détour des rues de la vieille ville. « La plus ancienne ville de Suisse a de nombreux atouts avec ses édifices historiques, raconte Claudia Meuli, guide de Coire.
Les musées et le parc Fontana offrent un bel agrément. Avec le téléphérique, la montagne tutélaire est facilement accessible depuis la ville. Si la fatigue vous gagne, rendez-vous en 15 minutes de train aux célèbres thermes de Bad Ragaz.»
Après une bonne nuit, l’idée de retourner dans les Gorges nous tenaille. Il suffit de rebrousser chemin et cette fois de prendre notre temps, de station en station.
Versam-Safien, Bonaduz sont autant de gares desservies toutes les heures. Il est alors possible de se promener dans le silence seulement troublé par le tumulte entêtant du fleuve. Le plaisir des yeux est partout: dans cet espace bleu infini où les oiseaux piaillent et cette terre sauvage où les cairns, ces amas de pierres sans doute laissés comme souvenirs par les randonneurs des années précédentes, se dressent fièrement.
Comme un métronome vous rappelant que la région a encore de belles choses à offrir, toutes les heures, on entend résonner le sifflet des voitures rouges des chemins de fer rétiques, qui se faufilent auprès de l’eau sur une voie unique. C’est alors à chaque fois l’heure d’un nouveau départ vers l’immensité. Enfin l’heure du départ pour rejoindre Davos, connue pour le grand raout du forum économique mondial, qui se déroule en janvier.
Infos pratiques
Contacts utiles
1- Pour bien organiser votre voyage, les contacts Suisse Tourisme, [email protected] ou Grisons Tourisme fr.graubuenden.ch,
2- Zurich est à une heure d’avion de Bruxelles, Swiss International Air Lines ellectue six vols par jour de Bruxelles à Zurich.
3- Le swiss travel System permet de voyager avec un seul justificatif de transport en train, en bus et en bateau de manière illimitée (www.swisstravelsystem.com)
Manger
La gastronomie helvète ne se cantonne pas au chocolat, au fromage et au rösti. La cuisine suisse est extraordinairement savoureuse, et riche d’influences françaises, allemandes et italiennes.