Avec l’annulation de la vente de trois filiales de Nethys par le gouvernement wallon, ce dernier a voulu montrer que c’était la fin des arrangements entre soi au sein de cette société liégeoise. Fin de ces arrangements mais pas la fin du feuilleton Nethys, comme nous l’explique notre chroniqueur économique.
C’est un dimanche qui restera dans la mémoire du management et du conseil d’administration de la société Nethys. Finalement, dans le cadre d’une conférence de presse, convoquée au dernier moment ce dimanche, le gouvernement wallon a décidé d’annuler la vente de Win, d’Elicio et de Voo, trois filiales du groupe liégeois Nethys.
Le gouvernement reproche aux dirigeants de Nethys d’avoir vendu ces trois filiales dans l’opacité la plus complète et de ne pas avoir permis à d’autres concurrents de faire une offre. Pire encore, le nouveau ministre de tutelle reproche à la direction et au conseil d’administration d’avoir opéré de sorte que les profits de ces opérations soient privatisés et que les pertes soient collectivisées.
Aussitôt ces accusations officiellement proférées, le conseil d’administration de Nethys a démissionné en bloc dimanche soir. Il faut dire aussi que le ministre de tutelle a envoyé ce dossier au parquet fédéral, sous-entendant que des procédures pénales pourraient voir le jour à l’encontre des administrateurs et des dirigeants de Nethys.
C’est donc une longue saga qui prend fin car il est clair que le management ne pourra pas rester en place sous de telles conditions. Pour les uns, c’est la fin d’un cauchemar, celui d’une entreprise devenue tentaculaire, opaque et nageant sans cesse dans les conflits d’intérêt. Pour d’autres, c’est la fin d’un rêve industriel, celui de la création d’un outil d’investissement pour Liège et la Wallonie, un outil public censé compenser au départ la frilosité des banquiers ; par exemple, lorsqu’il a fallu mettre sur pied l’aéroport de Liège, l’argent public a été plus que précieux.
Mais l’outil est devenu tentaculaire, on parle d’un chiffre d’un milliard d’euros et la volonté de garder les centres de décision à Liège ou ailleurs en Wallonie est un argument qui ne tient plus la route pour certains. La preuve, la vente d’Elicio, la filiale spécialisée dans les énergies renouvelables, évoque le maintien de 40 emplois mais qui sont situés à Ostende. Les auteurs de cette vente contestée rétorquent qu’il s’agit moins de sauvegarder ces 40 emplois que de sauvegarder la R&D à Liège, en territoire wallon. Par ailleurs l’intérêt public semble lui aussi être remis en cause…
Revenons sur la vente d’Elicio, la filiale énergétique de Nethys, elle a été vendu pour 2 euros car les auteurs de ce rachat disent qu’elle n’en vaut pas plus car cette filiale a 965 millions d’euros de dettes. D’autres experts ont contesté ce prix de 2 euros symboliques, car ils estiment que ces pertes seront renflouées, au fil du temps, par les profits que dégagera Elicio et selon certaines estimations, l’entreprise vaudrait non pas 2 euros mais peut-être 700 millions d’euros !
Même chose pour la vente de Win, la filiale informatique de Nethys, elle aurait été vendue sous son prix réel et d’autres concurrents n’ont pas eu connaissance du dossier et n’ont donc pas pu renchérir.
Mais attention, si le gouvernement a annulé ces 3 ventes, cela ne veut pas dire que le dossier est clos… Au contraire, c’est maintenant que tout commence : les acheteurs lésés vont se retourner contre Nethys, soit pour un recours contre la décision unilatérale du gouvernement wallon, soit pour demander des indemnités. Le feuilleton Nethys est loin d’être terminé…