L’information n’a pas vraiment fait de vague mais elle interpelle fortement les responsables politiques à Bruxelles. La commission européenne est en train d’étudier un vaste plan de réaménagement de ses bureaux dans la capitale de l’Europe, avec à la clé, la possibilité qu’elle quitte la moitié de ses bâtiments d’ici à 2030. Tout cela parce que la pandémie a permis aux fonctionnaires européens de découvrir les joies du télétravail.
Alors que la commission européenne occupe actuellement une surface de bureaux de 780.000 mètres carrés, cette surface serait réduite à 580.000 mètres carrés pour 2030. Les chiffres sont impressionnants parce qu’il s’agit de la commission européenne mais la plupart des grandes entreprises se posent également la question.
Il faut dire qu’aujourd’hui le télétravail ne fait plus peur aux dirigeants d’entreprise. Lorsque la pandémie a forcé les entreprises à confiner leurs collaborateurs, la plupart des patrons et des managers avaient peur que télétravail ne rime avec Netflix.
Aujourd’hui, tous les chiffres le montrent : la productivité n’a pas baissé et dans certains cas, elle a même augmenté, et donc les réticences patronales à l’égard du télétravail sont nettement moins forte. Je dis moins forte car le consensus de tous les sondages, c’est qu’on ira en moyenne vers un ou deux jours maximum de télétravail à la sortie de crise.
En fait, aujourd’hui le vrai challenge des dirigeants d’entreprise, c’est de donner envie à leurs collaborateurs et collaboratrices de revenir au siège social de l’entreprise. Revenir oui, mais pourquoi faire ? C’est vrai si c’est pour envoyer des mails que l’on peut faire de chez soi, à quoi bon ? Et c’est donc cela le défi des responsables des ressources humaines : donner du sens au retour au siège social de l’entreprise.
L’une des manières de faire, j’ai pas dit que c’était simple mais c’est l’une des pistes évoquées par les spécialistes, c’est de réserver les bureaux plutôt pour les séances de brainstorming, de créativité, pour les événements sociaux et même pour la formation. Plutôt que de former les collaborateurs en extérieur, on le fera davantage en interne. Bien entendu, les lieux devront aussi être réaménagés en ce sens et emprunter plutôt les codes de l’hôtellerie de luxe avec des espaces récréatifs.
Le télétravail est aussi une immense chance pour les femmes car elles sont nombreuses à devoir interrompre leur carrière à cause du présentiel à 100%. Mais ce n’est pas tout, l’usage du télétravail pourra aussi permettre de recruter des personnes de talent qui ne sont pas proches géographiquement du lieu de travail et qui en temps normal auraient décliné l’offre de l’entreprise.
Mieux encore, si la nature du travail le permet, pourquoi ne pas engager quelqu’un présent physiquement dans un autre pays ? Hier c’était quelque chose de réservé uniquement aux consultants, mais demain cela concernera aussi les salariés.
Le proverbe chinois dit que lorsque le sage montre la lune du doigt, l’idiot ne regarde que le doigt. Le doigt, c’est la réduction des mètres carrés de la commission européenne, la lune, c’est tout le reste ; la vie quoi !