« Le dérèglement climatique a aussi un impact sur le terrorisme »

Trump s’est retiré de l’accord sur le climat de Paris. En faisant cela, il ignore que la guerre civile en Syrie est aussi et sans doute d’abord le résultat d’une sécheresse sans précédent dans le pays. Le climat et donc l’économie expliquent mieux que la religion l’état de délabrement de la région.

Le retrait des États-Unis de l’accord sur le climat de Paris est une erreur monumentale, voire historique. Toute personne de bonne foi le sait et les experts ne se sont pas privés de le dire. Ce qui est encore plus affligeant dans l’attitude de Donald Trump, c’est qu’il tient des propos très virils sur le terrorisme mais en oubliant que le dérèglement climatique qu’il va contribuer à aggraver a aussi son impact sur celui-ci.

Plusieurs chercheurs américains ont même démontré au cours des dernières années que la sécheresse qui a touché le nord de la Syrie de 2007 à 2010 n’est pas étrangère au déclenchement de la révolte syrienne de 2011 contre le gouvernement. Ces scientifiques ne disent pas que la sécheresse est la cause de la guerre en Syrie mais qu’elle s’est ajoutée à d’autres facteurs et les a fortement aggravés.

En fait, cette sécheresse a forcé environ un million de personnes à quitter leur région pour s’entasser dans les bidonvilles des grandes villes syriennes. Le pire, c’est que ces réfugiés climatiques se sont retrouvés en compétition pour trouver un job ou scolariser leurs enfants avec un autre million de réfugiés venant d’Irak cette fois-ci.

« Trump, faute de comprendre la complexité du monde, va malheureusement aggraver la situation en Syrie »

Le drame, c’est que le gouvernement du président Bachar Al-Assad n’a pas été capable de venir en aide à ces personnes. Donc, lorsque le printemps arabe a commencé en Tunisie, puis en Égypte, la mèche a très vite été allumée en Syrie. C’est de cette façon que les rebelles au gouvernement, dont certains sont pires que le gouvernement syrien, ont pu recruter en masse des populations sans emploi, sans nourriture et sans avenir pour leurs enfants. Les Iraniens, les Saoudiens, les Turcs et les Qataris ont pu donc se livrer à une guerre entre sunnites et chiites par groupes et mafias interposées.

L’ironie de l’histoire, c’est que ces puissances régionales se sont livrées et se livrent encore à une bataille pour contrôler un pays qui est en réalité un véritable désastre écologique, une zone sinistrée climatiquement. L’argent déversé dans cette région pour la déstabiliser aurait mieux fait de servir à la reconstruire et à stabiliser cette poudrière dont les conséquences se sont fait ressentir à Londres, à Manchester, à Bruxelles ou à Berlin.

Mais qui est encore raisonnable dans cette région ? Personne, hélas, d’autant que le Financial Times, la bible des milieux d’affaires internationaux, vient de révéler qu’une des manières de financer indirectement le terrorisme consistait à verser des sommes folles pour des prises d’otages. Le Qatar en aurait abusé en versant 1 milliard de dollars pour des otages d’origine qatarie pris en otage au cours d’une chasse au faucon dans le sud de l’Irak.

Entre les prises d’otages servant de financement au terrorisme et les sécheresses qui poussent des enfants non scolarisés pendant 5 ans à prendre les armes faute d’avenir, le Moyen-Orient reste plus que jamais une grenade dégoupillée.

La religion n’est finalement qu’un prétexte : la sécheresse, l’argent du pétrole, la corruption des dirigeants locaux, l’absence de jobs, l’absence de scolarisation sont les véritables moteurs de ce chaos régional. Et Trump, faute de comprendre la complexité du monde, va malheureusement aggraver la situation.

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