Le Covid-19 ou la fin des paradis artificiels

L’épidémie de coronavirus est un « game changer ». L’expression est de Bruno Le Maire, le ministre de l’économie français et elle a fait florès depuis lors.

Le « game changer », c’est l’événement inattendu et qui remet les choses à plat. Pour les patrons européens et américains, le coronavirus montre, en grandeur réelle et en direct, que nous dépendons trop de la Chine. Les uns parce qu’ils fabriquent tout ou partie de leurs produits là-bas et qu’ils sont aujourd’hui bloqués par la mode managériale du « zéro stock », censée diminuer les coûts.

Et puis d’autres entreprises, comme dans le secteur automobile, découvrent leur dépendance négative au marché chinois devenu, au fil de l’enrichissement du pays, le premier marché au monde devant les Etats-Unis. Las pour les dirigeants automobiles européens et leurs salariés, les Chinois sont aujourd’hui plus occupés à se calfeutrer qu’à penser à acheter une berline allemande. Bref, nos CEOS et leurs salariés redécouvrent que la mondialisation était un terme commode pour cacher notre… « sino-dépendance »!

De même, les investisseurs boursiers qui se croyaient invulnérables – car les banques centrales veillaient au grain – en sont aussi pour leurs frais. Les places boursières ont fait un bond en arrière de 6 mois en 6 séances à peine ! La destruction de valeur enregistrée par les Bourses en l’espace d’une semaine est évaluée à 8.000 milliards de dollars (au moment d’écrire ces lignes) dont 4.300 milliards rien que pour la Bourse de New York.

La raison de ce grand nettoyage d’avant printemps ? Wall Street a enfin compris qu’elle vivait dans un paradis artificiel et que l’usine du monde ne pouvait pas être mise au chômage sans impacter le reste de la planète.

Mais ce « game changer » pourrait être aussi un déclencheur positif (si, si, c’est possible) pour forcer la formation d’un gouvernement fédéral. Lubie d’un homme de média ? Absolument pas, le président de CD&V, Joachim Coens a lui-même suggéré qu’il faudrait rapidement mettre sur pied un gouvernement pour gérer la crise sanitaire.

Bref, il est en faveur d’un gouvernement « corona » pour nous changer des coalition « suédoises » et autres couleurs de l’arc-en-ciel. Faut-il rappeler qu’en 2010-2011, nous étions restés 541 jours sans gouvernement ? A l’époque, nous étions en pleine crise de la dette publique grecque. Au final, c’est la pression des marchés financiers via des taux d’intérêts exorbitants qui a poussé les partis politiques à former rapidement un gouvernement. Autrement dit, le « game changer » de cette période, c’était le taux d’intérêt assassin. Il reste à espérer que ce rôle soit rempli par le Covid-19.

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