Notre chroniqueur éco revient sur le Black Friday de vendredi prochain, il nous explique que contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette mode des Etats-Unis est mauvaise pour le commerce à moyen terme. Elle ne pousse pas à la surconsommation comme on le pense mais décale simplement la consommation dans le temps. Et en plus le Black Friday vient détruire la notion de prix. Voici ses arguments.
Vendredi prochain, nous serons le 29 novembre, et ce sera le retour du fameux Black Friday, le jour où tous les commerces et en particulier les commerces en ligne sous l’impulsion d’Amazon vont proposer des rabais et des ristournes sur tous leurs produits.
Le plus souvent ce sont les vêtements et les articles électro-ménagers qui ont la cote auprès des consommateurs que nous sommes. C’est assez normal d’ailleurs, car le budget de la plupart des ménages est assez contraint et en plus le Black Friday est très bien positionné dans l’année, car il arrive juste avant la Saint Nicolas et la Noël.
Bref, cette mode qui nous vient des Etats-Unis tombe à pic pour notre pouvoir d’achat et nous permet de nous gâter ou de faire plaisir aux personnes qui comptent pour nous. N’oublions pas qu’un sondage montre que 52% des personnes associent consommation à plaisir !
Mais vous vous en doutez, si je reviens sur ce sujet, c’est que tout n’est pas rose avec cette mode du Black Friday. D’abord, les enseignes se rendent compte que ce Black Friday est un danger pour elles à moyen terme. En effet, comme il s’ajoute à toutes les autres périodes de solde durant l’année, il détruit la notion de vérité des prix, la qualité n’est plus associée au prix. Et donc, oui, le Black Friday installe une forme de scepticisme chez les consommateurs, et ça, c’est dangereux pour les commerçants.
Deuxièmement, le Black Friday ne pousse pas à la surconsommation comme on le dit souvent, en fait, les consommateurs ne font qu’anticiper leurs achats de Noël. Autrement, le Black Friday ne vient s’ajouter pas aux soldes de fin d’année, mais les remplacent.
Le Black Friday constitue un pic de dépense, mais au final, sur l’ensemble de l’année, les commerçants voient que leur chiffre d’affaires reste stable lorsqu’il n’est pas en recul. Techniquement, on ne peut donc pas parler de surconsommation mais de décalage de consommation.
L’autre vérité désagréable à entendre pour les commerçants physiques, c’est qu’aujourd’hui, c’est Amazon et ses petits frères qui imposent l’agenda des soldes. Ce n’est plus le législateur ni les associations de commerçants.
Reste le dernier point, le plus embêtant, l’écologie. Et sur ce point le Black Friday est un véritable désastre. En Grande-Bretagne, la banque Barclays a pu analyser un nouveau phénomène qui consiste à commander des vêtements, à se prendre en photo avec et ensuite à les retourner et à se faire rembourser !
C’est une mode dictée par Instagram et Snapchat. En clair, les gens veulent aussi montrer qu’ils ont de chouettes vêtements et ne veulent pas se sentir dévalorisés par rapport à leurs amis qui ont plus d’argent qu’eux.
C’est une sorte de frime par réseaux sociaux interposés. Et ça, c’est rendu possible parce que les grandes sociétés actives online proposent de renvoyer gratuitement les achats qui ne conviennent pas. Cette politique du retour est un désastre écologique, car bien souvent les vêtements retournés sont détruits car ils coûtent plus chers à les remettre sur le marché qu’à les mettre au rebut. Et voilà l’une des raisons qui explique que la mode est la 2ème industrie la plus polluante après le secteur de l’énergie. Autant le savoir et agir en conséquence.