Le gouvernement saoudien a décidé d’adopter un plan permettant de délivrer des visas touristiques aux voyageurs internationaux, selon plusieurs médias locaux. Cette décision s’inscrit dans la volonté saoudienne de diversifier son économie, qui voit dans le tourisme un certain potentiel, puisque le royaume espère attirer 1,5 million de visiteurs par an d’ici 2020.
Un pays particulier
Jusqu’à présent, le seul tourisme dont il est question en Arabie saoudite, c’est le tourisme religieux, pour les pèlerins musulmans se rendant à La Mecque. D’une manière générale, ce sont les seuls types de touristes à obtenir un visa. Il faut ajouter à cela les hommes d’affaires ou les étrangers rejoignant un membre de leur famille résidant en Arabie saoudite.
Bien sûr, les étrangers séjournant assez longtemps dans le pays, quand ils n’y résident pas, ont l’occasion de le découvrir d’autres choses que La Mecque et de s’adonner à l’une ou l’autre activité, même si la charia qui régit le pays reste souvent difficile à supporter pour les Occidentaux. On trouve cependant des sites archéologiques nabatéens comme la cité de Al-Hijr dans le nord-ouest, décrite comme une des mieux conservées après celle de Petra en Jordanie.
La première étape consiste donc à mettre en place un visa touristique. Dans un communiqué officiel, le prince Sulan ben Salmane, chef de la Commission du tourisme et du patrimoine national, a déclaré qu’ « un système a été mis en place pour la délivrance de visas touristiques et il sera bientôt lancé ». Ce système fonctionnera en collaboration avec des agences touristiques locales agrées par les autorités saoudiennes.
Quelles ambitions ?
Le royaume wahhabite espère attirer 1,5 million de visiteurs étrangers par an d’ici 2020. Les autorités ont d’ores et déjà lancé plusieurs projets touristiques, comme une zone de villégiature sur la Mer Rouge comprenant une superficie de 300.000 km² d’îles et de plages. Il s’agira de la première zone d’Arabie saoudite où les visiteurs étrangers n’auront pas besoin de visa d’entrée. La construction de ce « Red Sea Project », qui inclut aussi un nouvel aéroport, devrait débuter en 2019.
Les règles auxquelles les touristes devront se soumettre ne sont pas encore claires… Mais pour convaincre les étrangers de se rendre dans le pays, Riyad a laissé entendre que certaines restrictions légales pourraient être allégées dans les zones touristiques. Toutefois, si vous êtes une femme de moins de 30 ans, ne comptez pas entrer sur le territoire sans être accompagnée de votre mari ou de votre frère. Dans le même genre, les couples non mariés ne peuvent voyager ensemble dans le pays.
Le tourisme au service de l’économie ?
Depuis plusieurs années, l’Arabie saoudite cherche à diversifier son économie et ses sources de revenus pour ne plus dépendre du pétrole à 85 ou 90% comme c’est le cas aujourd’hui. Et les autorités semblent de plus en plus s’intéresser au tourisme.
Jamal al-Fakhri, membre du comité exécutif du Conseil de développement du tourisme de Tabuk, a déclaré qu’il espérait que la région de Tabuk devienne une destination touristique, et que les différents projets « favoriseraient davantage la diversité des possibilités d’emploi ». « Il existe de nombreux guides touristiques qui sont multilingues dans le pays et qui sont prêts à travailler sur le terrain », a-t-il ajouté.
Trop de défis structurels
Mais au-delà de sa dépendance à la rente pétrolière, l’économie saoudienne souffre d’un autre problème: ses citoyens vivent de subsides pour presque tout. Cela permet évidemment d’acheter la paix sociale, dans un pays où le régime est rapidement contesté, tant par les opposants libéraux que par… ses concurrents islamistes.
Non seulement les citoyens ne paient pas le vrai prix des services dont ils disposent, mais ce système ultra-subsidié rend les citoyens, dont l’éducation laisse déjà à désirer, incapables de s’investir dans une économie productive.
La grande majorité des emplois privés – 86% – sont d’ailleurs occupés par des étrangers, tandis que les emplois subalternes sont attribués à des immigrés mal considérés payés un salaire de misère.
Les Saoudiens, eux, sont soit rentiers, soit fonctionnaires, soit chômeurs. Les salaires publics sont d’ailleurs deux à quatre fois plus élevés que ceux du privé, de quoi ravir certaines personnalités politiques bien de chez nous. À force d’être payés à ne rien faire sur plusieurs générations, trop de Saoudiens se révèlent incapables de travailler.
Les milliards à investir ne suffiront donc pas à diversifier l’économie sur le long terme si la société ne se réforme pas non plus. Comme disait l’autre, « Ils ont le pétrole, mais c’est tout »…