De nouvelles régulations sur le tourisme ont été soumises au gouvernement saoudien pour approbation. Celles-ci portent principalement sur la délivrance de visas touristiques, d’après la Saudi Commission for Tourism and National Heritage (SCTH). Cette réforme prend place dans le cadre des ambitions irréalistes de l’Arabie saoudite qui souhaite développer son secteur touristique.
Système électronique
D’après une source de la SCTH, le gouvernement saoudien devrait faire une déclaration prochainement à ce sujet. La SCTH a pour sa part déclaré que les régulations en question ont été développées à travers une série de meetings et de workshops en collaboration avec le gouvernement mais aussi l’input d’investisseurs, notamment les professionnels du secteur.
Parallèlement, les autorités saoudiennes ont développé un système électronique intégré pour enregistrer et procéder à la délivrance des visas, sous la supervision d’une équipe du Ministère des Communications et des Technologies de l’Information.
Quel potentiel ?
Le Royaume mise sur 2,5 millions de pèlerins d’ici 2020, et compte investir la coquette somme de 49$ milliards par an sur les projets liés au tourisme.
L’hôtel Abraj Kudai à Makkah coûte déjà 3,6$ milliards, et est amené à devenir le plus grand hôtel au monde.
Le Président de la SCTH, le Prince Sultan ben Salmane, a précédemment déclaré : « Le royaume, en tant que bastion de l’Islam, possède un héritage culturel considérable et est en train de développer une industrie touristique riche en destinations. De plus, le peuple saoudien a une longue tradition d’hospitalité et de générosité envers les gens du monde entier ».
Nous ne sommes pas entièrement convaincus par la dernière phrase étant donné l’application de la Sharia qui régit le pays et qui aura de quoi rebuter un grand nombre de mécréants.
Pourtant, le pays cherche à faire grimper le nombre de visiteurs étrangers jusqu’à 30 millions d’ici les 12 prochaines années, alors que les 18 millions de visiteurs en 2016 avaient rapporté 11,9$ milliards de recettes. Ceux-ci étaient bien entendu très essentiellement composés de pèlerins musulmans. Actuellement, l’industrie du tourisme et du voyage emploie environ 900.000 Saoudiens.
Réformer (et évoluer) d’abord
Alors que les femmes viennent d’obtenir le droit de conduire, les mœurs qui régissent le pays restent arriérées, sectaires, violentes et intolérantes.
De quoi rebuter l’essentiel du marché… S’il est envisageable pour le pays d’accroître le nombre de visiteurs étrangers musulmans ultraconservateurs ou souhaitant effectuer le pèlerinage, il va être beaucoup plus difficile d’attirer des visiteurs « moins pieux » étant donné les conditions du pays.
Au-delà des investissements, cette ambition nécessiterait au minimum de créer des zones touristiques épargnées par la législation locale – du moins en partie – comme cela peut être le cas aux Émirats Arabes Unis. Mais est-ce ce que les Saoudiens le souhaitent ?
Après avoir accordé le droit de conduire aux femmes, d’autres concessions risqueraient d’ouvrir la voie à une Perestroïka saoudienne qui mettrait le régime en danger, soit par l’élan de revendications supplémentaires que cela susciterait, soit – et plus probablement – par le refus d’une grande partie de la caste et même de la population qui s’opposeraient à toute modernisation « décadente » alignée sur l’Occident mécréant. La simple proximité du régime des Saoud avec les États-Unis suffit déjà à susciter des contestations internes, qui se sont manifestées jusqu’à des attentats dans le royaume.