Les files sont plus importantes d’année en année, l’impact de la voiture sur l’environnement et la santé est de plus en plus avéré et les alternatives qui s’offrent aux navetteurs pour effectuer le trajet entre leur domicile et leur lieu de travail sont de plus en plus nombreuses. Et pourtant, plus de 6 Belges sur 10 continuent à opter pour le confort et la liberté de leur voiture pour se rendre à leur travail.
Mais il y a du changement dans l’air. 1 Belge sur 4 a déjà adapté son comportement en matière de déplacements, et ils sont aussi nombreux à déclarer vouloir le faire dans les prochaines années. Ces conclusions proviennent d’une large vaste enquête d’AG Insurance, avec le soutien de Touring, qui donne de précieux enseignements sur les habitudes et la mobilité des Belges dans leurs trajets domicile-lieu de travail.
Au sujet de l’enquête
- L’enquête en ligne a été commandée par AG Insurance et effectuée par Insites consulting entre le 10 et le 17 janvier 2019 auprès de 1514 personnes interrogées, dont un peu plus de la moitié (786) sont professionnellement actives. Les résultats sont représentatifs pour toute la population.
- L’étude a pour but d’avoir une meilleure vue de la situation actuelle des Belges en matière de mobilité, de leur comportement et de leurs émotions, mais aussi de mieux comprendre les évolutions et les changements dans les besoins des Belges en matière de mobilité.
- Dans un premier temps, nous publions les résultats concernant la possession des moyens de transport et les déplacements entre le domicile et le lieu de travail
La voiture, une reine pas prête à être détrônée
La voiture est le moyen de transport dominant chez les Belges. Près de 9 familles sur 10 (88 %) disposent d’au moins une voiture, 30 % en ont plus d’une. Cette domination se poursuit puisque 22 % des familles ont acheté une voiture l’année dernière et 1 sur 4 (25 %) compte acheter une voiture cette année.
Seulement un peu plus d’une famille sur 2 (53 %) dispose d’au moins un vélo. Mais ce pourcentage est deux fois plus élevé en Flandre qu’en Wallonie (68 % contre 32 % respectivement). Le vélo électrique occupe une place de plus en plus importante. Un ménage sur 7 (14 %) dispose déjà d’un vélo électrique, à nouveau surtout en Flandre : 18 % contre 8 % en Belgique francophone.
Sans surprise, le phénomène des voitures de société reste largement répandu en Belgique. Une famille sur 5 (19 %) dispose d’au moins une voiture de société. Si l’on se penche uniquement sur la population active, c’est même un ménage sur 3 (36 %) qui en possède au moins une. Ce sont surtout les plus jeunes ménages qui disposent d’une voiture de société. Chez les 25-34 ans, ce nombre monte même à près de 4 sur 10 (39 %).
Distance domicile-travail : plus proche qu’on ne le pense…
Combien de kilomètres font les Belges pour rejoindre leur lieu de travail ? Et combien de temps y consacrent-ils pour s’y rendre ? L’enquête d’AG Insurance livre ici quelques constats intéressants.
- 1 Belge sur 2 (49 %) habite dans un rayon de 10 km de son lieu de travail. À peine 1 sur 4 (27 %) doit parcourir plus de 20 km pour aller travailler.
- À peine 1 navetteur sur 3 a besoin de plus de 35 minutes pour rallier son travail. 1 sur 3 effectue même le trajet en moins d’un quart d’heure.
… mais la voiture reste la préférence
Malgré le fait que la moitié des personnes actives habite dans un rayon de 10 km de son lieu de travail, 62 % de la population active prennent le volant pour aller au travail. Moins d’1 personne active (23 %) sur 4 utilise les moyens de transport, 1 sur 5 le vélo (électrique ou non).
Graphique 1 – Les principaux moyens de transport (max. 2) dans les déplacements entre domicile et lieu de travail
Mais qui sont ces mordus de la voiture et quelle est la distance vers leur lieu de travail ?
L’enquête montre que 58 % des personnes actives qui habitent dans un rayon de 10 km de leur lieu de travail utilisent leur voiture pour faire le déplacement. Si on regarde les choses sous un autre angle : 41 % des personnes qui utilisent la voiture pour se rendre au travail habitent à moins de 10 km de leur lieu de travail. Stimuler ces travailleurs à opter pour le vélo, d’autres moyens de transport ou pour les transports publics pourrait avoir un impact important sur les files et sur l’environnement.
Graphique 2 – la part de la voiture parmi les navetteurs en fonction de la distance domicile-travail
Files et satisfaction
Pour ceux qui y sont confrontés quotidiennement, ce sera peut-être une maigre consolation, mais dans l’ensemble, le problème des embouteillages ne semble pas aussi grave qu’on le pense.
Le navetteur belge perd en moyenne 12 minutes par jour dans les files. Seul 1 sur 3 (32 %) perd plus de 15 minutes par jour. Ces chiffres expliquent probablement partiellement le niveau de satisfaction relativement élevé des navetteurs en voiture : seuls 5 % d’entre eux ne sont pas satisfaits de leurs déplacements professionnels. À l’inverse, 81 % se disent plutôt satisfaits, voire même très satisfaits.
Pour les utilisateurs des transports en commun, les chiffres sont quelque peu différents. En moyenne, les retards font perdre 16 minutes par jour aux usagers. 4 usagers sur 10 y perdent plus de 15 minutes. Pas étonnant que le niveau de satisfaction soit moins élevé pour les transports en commun. 51 % sont plutôt ou très satisfaits, 22 % en sont mécontents.
Le potentiel des moyens de transport alternatifs
Les files, les retards, les nouveaux moyens de transport, l’impact sur l’environnement… autant de raisons qui font que les Belges adaptent leurs habitudes de mobilité dans les trajets domicile-lieu de travail. Mais ont-ils pour autant déjà pris des mesures concrètes ces dernières années ? Ou ont-ils l’intention d’adapter leur comportement dans les 3 prochaines années ?
L’enquête d’AG Insurance nous apprend que de nombreux Belges se sont déjà tournés vers les moyens de transport alternatifs. Voici les plus populaires :
- les transports en commun : 1 Belge sur 4 (24 %) utilise plus souvent le train, le tram ou le bus ;
- le vélo : 22 % affirment déjà utiliser plus souvent le vélo (électrique) pour se rendre au travail ;
- le carpooling : 15 % des Belges y recourent plus souvent que par le passé.
Les alternatives présentent par ailleurs un beau potentiel de croissance, en particulier le vélo : 1 Belge sur 4 (24 %) souhaite utiliser plus souvent le vélo pour se rendre au travail dans les prochaines années. Prendre plus souvent les transports en commun (19 %) ou recourir plus régulièrement au carpooling (18 %) font aussi partie des intentions d’un travailleur sur 5. A l’inverse, 57 % des Belges n’entendent pas faire la navette en transports en commun dans les prochaines années. Les principales raisons avancées sont les suivantes : des mauvaises correspondances (53 %), les retards et les suppressions (40 %), une fréquence trop faible (35 %) et le prix (35 %).
En revanche, plus de 6 ménages sur 10 seraient disposés à emprunter plus souvent les transports en commun si ceux-ci étaient plus accessibles (66 %), plus ponctuels (61 %), meilleur marché (60 %). Ces chiffres montrent que des investissements dans un réseau de transports en commun plus étendu, plus efficace et moins cher pourraient diminuer l’usage de la voiture, notamment pour les trajets entre le domicile et le lieu de travail.
Le télétravail peut lui aussi contribuer à dégorger nos routes. Actuellement, 28 % des personnes actives pratiquent déjà le télétravail, dont 18 % au moins 1 jour par semaine. Parmi les 18-24 ans, le télétravail a beaucoup d’adeptes : près d’1 jeune sur 2 (47 %) travaille à la maison, et 3 sur 10 (30 %) même au moins 1 jour par semaine.
Vers une politique adéquate en matière de mobilité
Edwin Klaps, Directeur Non-Life & Broker Channel chez AG Insurance : « Des enquêtes comme celle-ci nous donnent une meilleure vue du comportement des Belges en matière de mobilité, et de l’évolution de ce comportement, de leurs préférences et de leurs émotions. De cette manière, nous pouvons faire évoluer notre offre et nos services dans les solutions liées à la mobilité et nous pouvons mieux nous adapter aux besoins évolutifs des clients. En même temps, nous partageons volontiers ces résultats avec le grand public, parce qu’ils ont clairement un intérêt sociétal. Nous souhaitons apporter ainsi notre contribution au débat public et à une politique moderne, adaptée et largement suivie en matière de mobilité. »
Lorenzo Stefani, porte-parole de Touring : « Afin de pouvoir continuer à garantir le droit à la mobilité pour tout le monde dans le futur, il va falloir rapidement investir dans une combinaison d’un large éventail de possibilités. Il est clair que nous devons nous diriger vers une mobilité durable, voiture y comprise. C’est pourquoi il était très important dans cette enquête d’obtenir aussi l’avis de l’usager de la route sur toutes les alternatives qui se présentent à lui. Il en ressort que nous devons surtout faciliter la combinaison des différents moyens de transport pour le consommateur, pas seulement à l’aide d’applications intelligentes comme MaaS, mais aussi en réalisant des points de rencontre multimodaux là où on peut retrouver les différentes alternatives. »