Au fil des mois, les chiffres du tourisme tunisien continuent d’augmenter considérablement. Au mois de juin, on constate 46% de touristes français et 33% de touristes allemands en plus que l’année précédente. Une bonne nouvelle, sachant que les revenus générés par le tourisme dans le pays sont estimés à 491 millions de dinars.
La reprise se consolide
Précisément 1.776.976 touristes sont entrés sur le territoire tunisien au 10 juin 2017, selon les chiffres publiés par l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT). Ce chiffre correspond à une augmentation de près de 500.000 touristes par rapport à l’année 2016.
Encore une fois, il faut inclure dans ce chiffre les Tunisiens résidant à l’étranger, qui comptent pour 428.000 des visiteurs, et constitue à son tour une hausse de 6,7%. Mais au final, les entrées de non-résidents étrangers comptent tout de même pour près de 80% du total des entrées en Tunisie.
L’Europe émet davantage
Cette augmentation tient surtout au retour de nombreux touristes français et allemands. Ces deux pays ont émis à eux seuls plus de 230.000 visiteurs, illustrant les augmentations respectives de 46% et 33% données plus haut.
En plus de ces deux pays principaux, les touristes anglais font également leur retour en Tunisie, avec une hausse de 16%, mais n’atteignent cependant que 10.000 entrées. Les italiens sont un peu plus nombreux avec 31.000 visiteurs, soit une hausse de 13,3% par rapport à 2016.
Mais la hausse la plus significative revient à la Belgique, depuis laquelle 14.573 personnes ont visité la Tunisie, ce qui constitue une augmentation de pas moins de 89%.
Les autres pays européens sont aussi en augmentation : 15,8% pour les pays scandinaves, 22,1% pour les Suisses, 21,1% pour les Hollandais, 27% pour les Autrichiens, 54,5% pour les Serbes, 49,2% pour les Hongrois…
À l’inverse, la Tunisie a perdu 14.000 touristes russes (-13,2%). Les touristes européens représentent ainsi 19,6% de l’ensemble des touristes ayant visité la Tunisie jusqu’ici en 2017.
Les pays voisins restent majoritaires
Ce sont toutefois les pays voisins – la Libye et l’Algérie – qui continuent de constituer les principales arrivées en Tunisie, également en augmentation. Le nombre d’Algériens à avoir visité la Tunisie en 2017 est de 700.364, soit une hausse de 58,5%, et on comptabilise 557.822 ressortissants libyens (%22%).
En revanche, le nombre de Marocains ayant visité la Tunisie baisse de près de 9% avec 18.000 entrées en moins. Mais cela reste les Maghrébins qui représentent malgré tout 58,1% de l’ensemble des touristes en Tunisie.
Amérique du Nord & Reste du monde
Les Occidentaux outre-Atlantique sont aussi en augmentation, puisque le nombre de touristes américains s’élève à 6.970 personnes (+26%). Pour les ressortissants canadiens, la progression est encore plus nette, car s’ils ne sont que 4.000, cela constitue tout de même une hausse de près de 45% par rapport à l’année dernière. Une belle augmentation, étant donné la distance.
Dans le reste du monde, le nombre de visiteurs chinois a été multiplié par quatre, atteignant presque le chiffre de 8.000. On constate aussi une légère hausse en provenance des pays du Golfe, des pays africains et du Japon.
Prudence malgré tout
Si ces chiffres qui augurent de jours meilleurs pour un secteur qui emploie environ 14% de la population active et pesait, il y a encore deux ans, 7% du PIB tunisien, les professionnels restent prudents.
Certes, cette embellie est synonyme d’augmentation des recettes du secteur, en progression de 5,2%. Cela correspond aussi à une augmentation du nombre de nuitées dans les hôtels (+31%), mais ce regain d’activité ne satisfait pas encore les opérateurs et le gouvernement, qui lui ambitionne de doubler ces recettes.
Afif Kchouk, président de l’Observatoire du Tourisme (et parmi d’autres choses, l’organisateur des Salons du Tourisme MIT (Marché International du Tourisme), déclare: « Même si les prévisions pour la saison de l’été 2017 sont bonnes pour les marchés traditionnels, il faut être optimiste mais prudent à la fois, surtout que l’image de la Tunisie, qui s’est améliorée sur certains aspects, reste fragile. La visibilité sur le long terme n’est pas claire ».
Pour ce dernier, l’impératif est de travailler sur l’image de la destination: « Notre pays est fondamentalement balnéaire. Cette activité représente la locomotive du tourisme tunisien. Si elle marche, tous les autres produits touristiques marcheront aussi. La relance dépend essentiellement de la qualité des produits dans les hôtels… ».
D’aucuns rétorqueront pourtant qu’il est temps pour la Tunisie de mettre en avant d’autres aspects de son potentiel, comme son patrimoine culturel mais aussi le tourisme d’affaires.
Un potentiel dans le tourisme d’affaires ?
C’est l’ambition de Borhan Ben Ali. Après une carrière à la direction de l’ONTT en France jusqu’en 2011, il a lancé Car Events, une société qui vise l’organisation de voyages thématiques autour du golf, de la chasse et du bien-être.
Avec un réseau d’une dizaine d’hôtels tunisiens proposant des prestations de thalassothérapie, spa, et de bien-être en général, la structure ambitionne de commercialiser des packages à destination des entreprises – d’Auvergne-Rhône-Alpes pour débuter.
Risque de dumping
Reste à savoir si, dans ce contexte, la rentabilité est au rendez-vous pour les professionnels qui, dans le même temps, doivent continuer à payer leurs frais fixes: salaires, charges d’amortissement et d’entretien, taxes… Une véritable spirale infernale qui risque d’entraîner faillites successives.
Le secteur touristique tunisien bénéficierait d’une montée en gamme, en se diversifiant pour faire revenir les clientèles européennes à plus fort pouvoir d’achat. La Tunisie possède des milliers de sites historiques et archéologiques et est classée parmi les meilleures destinations au monde en thalassothérapie.
Une sécurité améliorée
Après avoir pris conscience que la menace terroriste touchait tous les pays, il faut souligner le fait que les autorités tunisiennes ont considérablement renforcé les mesures de sécurité pour les touristes. C’est notamment ce qui a convaincu la Belgique d’assouplir son avis pour les voyageurs.
Rappelons aussi, à toutes fins utiles, que même en période de Ramadan, la plupart des commerces offrent leurs services. Le secteur hôtelier a désormais intérêt à se mobiliser pour se réformer et offrir autre chose que du « all inclusive » qui n’apporte que de faibles retombées commerciales.
Erratum:
Monsieur Afif Kchouk n’est, en effet, pas le président de l’ONTT, mais le président de l’Observatoire du Tourisme (et parmi d’autres choses, l’organisateur des Salons du Tourisme MIT (Marché International du Tourisme).