En Suisse, en avril prochain, les bouteilles de Coca-Cola diminueront de taille mais pas leurs prix. En Grande-Bretagne, c’est la même chose pour les M&M’s, les Twix ou les jus Tropicana. Ce phénomène de réduction de taille sans changer de prix est pratiqué un peu partout en Europe. Amid Faljaoui, notre chroniqueur économique, nous en dit plus sur cette tendance que les Anglais appellent la « shrinkflation ».
Cela se passe en Suisse, mais cela se passe aussi ailleurs et donc aussi en Belgique. Les spécialistes appellent ce phénomène la « shrinkflation » ou contraction de l’inflation en français.
C’est la nouvelle manière pour certaines marques de berner subtilement les consommateurs.
En Suisse, c’est le journal Le Temps qui nous avertit que ce sont les bouteilles de Coca-Cola qui passeront de 500 à 450 ml mais en gardant le même prix.
Et donc, oui, à partir du mois d’avril les consommateurs suisses auront l’impression que leur Coca-Cola est bu plus rapidement que d’habitude. Cette impression sera une réalité puisque le fabricant de Coca-Cola, mais aussi de Fanta et de Sprite, a décidé de réduire la taille de ses bouteilles mais en gardant le même prix.
Les spécialistes du shopping alimentaire ne seront guère étonnés, c’est une technique habituelle : changer d’emballage sans changer de prix, c’est une technique subtile d’augmenter les prix sans le dire. Mais cette technique habituelle n’était pas encore trop utilisée pour des produits de base et que les consommateurs connaissent particulièrement bien.
D’ailleurs, Le Temps le précise, il ne faut pas se leurrer, si les fabricants européens de boissons sucrées se sont engagés à réduire de 10% la teneur en sucre de leur boisson, ils savent aussi comment s’y prendre pour ne pas perdre des ventes.
En réduisant la taille de ses bouteilles, Coca-Cola remplit son engagement mais sans diminuer la teneur en sucre de sa boisson. Bien joué, si je puis dire.
« La « shrinkflation » ou la nouvelle manière pour certaines marques de berner subtilement les consommateurs »
En France, Coca-Cola a aussi changé la taille de ses bouteilles, mais là les prix ne sont pas restés stables, ils ont même augmenté pour compenser la taxe soda imposée par le gouvernement.
Mes confrères suisses du journal Le Temps rappellent aussi que contrairement à Coca-Cola et à sa manœuvre visible, les autres fabricants font exactement la même chose mais de manière presque invisible.
Souvent, c’est l’adoption d’un emballage plus étroit qui permet de garder la même hauteur. Pourquoi ? Parce que « l’oeil humain perçoit plus facilement un changement de la hauteur du récipient qu’un changement de volume ».
Les pots de yaourt de 150 grammes ont donc la même hauteur que ceux de 180 grammes ou autre exemple cité par Le Temps : « les chocolats chers sont vendus par plaque de 80 g alors qu’elles donnent l’impression d’être de la même taille que celles pesant 100 g ».
En Grande-Bretagne, le quotidien Guardian a aussi dénombré 200 produits dont la taille avait diminué avec un prix constant, cela va des M&M’s en passant par les barres chocolatés Twix jusqu’aux jus Tropicana.
En Grande-Bretagne, le prétexte, c’est le Brexit qui a provoqué la chute de la livre sterling et donc provoqué une hausse des prix importés.
Mais peu importe au final, c’est le consommateur qui est floué. Bref, cette chronique n’avait qu’un seul but modeste mais important : si un prix reste constant, vérifiez bien que la quantité n’a pas diminué, car en réalité, c’est une hausse des prix cachée !