Il n’y a pas qu’en Europe, et notamment en France et en Allemagne, que des plans surgissent pour relancer le transport de passagers par voie ferrée. Sur les 2 000 milliards de dollars du plan d’investissement présenté par Jo Biden, 80 milliards de dollars sont ainsi prévus pour développer le service ferroviaire d’Amtrak à travers les Etats-Unis.
Une grande partie profiterait aux régions du sud et de l’ouest, avec de nouvelles lignes reliant entre autres des villes comme Nashville et Atlanta, Houston et Dallas, et ramenant le service entre Las Vegas et Los Angeles. La priorité serait de reconstruire de nombreux tunnels et ponts majeurs dans le corridor du nord-est.
Presque toutes les routes au départ de Chicago seraient également renforcées, faisant de facto de la mégapole, connue pour son architecture de grande qualité, le véritable centre névralgique du réseau. Au total, plus de 30 nouveaux itinéraires sont envisagés, ainsi que des fréquences supplémentaires sur une vingtaine d’itinéraires déjà existants.
Si le plan d’infrastructures est approuvé, Amtrak compte servir en 2035 20 millions de passagers supplémentaires par rapport à 2019 où 32 millions de voyageurs avaient emprunté ses trains.
Restauration incluse
Créée en 1971, Amtrak a le statut d’une entreprise commerciale, mais est entièrement contrôlée par le gouvernement des États-Unis. Ses trains sont surtout connus pour le transport de marchandises, avec des convois interminables composés de dizaines de wagons tractés par trois ou quatre locomotives à la vitesse… d’un cheval au petit trot.
Mais les trains de voyageurs proposent des compartiments privés avec couchettes et offrent un service de restauration inclus. C’est, par parenthèse, ce qui semble manquer au train Bruxelles-Vienne et aux autres liaisons ferroviaires qui seront bientôt proposées en Europe, alors qu’un tel service constituerait un indéniable « plus ».
Dans l’air du temps
Le pari de Joe Biden s’inscrit dans la philosophie économique qui veut que les grands travaux d’infrastructure génèrent de l’emploi, et donc des revenus supplémentaires qui soutiennent ou relancent la consommation, générant à leur tour des taxes dont le produit revient à l’Etat.
Mais il s’inscrit aussi dans l’air du temps : le « flight shame » a frappé outre-Atlantique aussi, et un soutien au chemin de fer est un gage donné aux Verts, même si certains ne manquent pas d’évoquer les liens qui unissent Amtrak et le nouveau président démocrate.
Cela étant, si le train peut parfois constituer une alternative à l’aérien, celui-ci ne risque pas d’être profondément affecté. L’avion continuera sans doute longtemps à relier toutes les villes américaines dans ce pays où les distances sont faramineuses.