Pas facile d’être un jeune en cette période de pandémie. Les chiffres montrent d’ailleurs qu’au-delà de la souffrance psychologique, il y a aussi la dure réalité économique.
Les derniers statistiques du chômage en Wallonie et à Bruxelles montrent : après plusieurs années de baisse, le nombre de demandeurs d’emplois de moins de 25 ans a, hélas, grimpé. Vu comme cela, ces chiffres me font dire qu’Emmanuel Macron avait raison de dire que la jeunesse porte la dette comme le Christ les péchés du monde…
Et c’est vrai qu’en plus des portes fermées au niveau de l’emploi, notre jeunesse devra porter sur ses épaules la dette écologique et la dette publique que nous allons lui laisser… Comme cadeau il y a mieux ! C’est ce qui nourrit sans doute une certaine rancœur des jeunes à l’égard des personnes plus âgées, pour ne pas dire les « vieux », comme ils disent plus brutalement.
Mais est-ce aussi simple ? Mon confrère Jean-Pierre Robin du quotidien le Figaro ne le pense pas et pour s’en rendre compte, il nous incite à penser à cette publicité connue pour la marque de l’horloger suisse de luxe, Patek Philippe. Cette pub dit : « Jamais vous ne posséderez complètement une Patek Philippe. Vous en serez juste le gardien pour les générations futures ». Eh bien, imaginez maintenant que le père dans la pub a dû s’endetter pour acheter cette montre de luxe et imaginons qu’il ne l’a pas remboursée à son décès : le fils héritera en même temps de la dette mais aussi de la montre de luxe !
Jean-Pierre Robin a donc raison de dire que c’est la même chose au niveau d’un pays. Oui, nous les plus âgés, nous n’avons pas été très doués pour gérer nos finances publiques, et c’est vrai qu’on va léguer des dettes à nos enfants. Mais attention à ne pas jeter non plus le bébé avec l’eau du bain : nos chères têtes blondes et brunes vont aussi recevoir en héritage un patrimoine immobilier, financier, éducatif, culturel qui dépasse largement la dette dont ils vont hériter.
Autrement dit, et pour rester dans la métaphore, la Patek Philippe vaut beaucoup plus que le crédit avec lequel elle a été acquise. Je vous donne un seul chiffre : le patrimoine immobilier des Belges s’élevait à la fin 2019 à 1.570 milliards d’euros. C’est donc trois fois plus que notre dette publique. Je doute fort que les jeunes refuseront cet héritage et donc, le procès en ingratitude à l’égard des jeunes est quand même à nuancer.