L’information, c’est la clé du pouvoir. En tout cas, c’est ce qu’on disait jadis notamment en entreprise. Mais aujourd’hui, comme le fait remarquer Le Figaro, on aurait plutôt tendance à dire que l’information, c’est la clé de la guerre. Une guerre sans verser une seule goutte de sang, mais une guerre quand même.
Il n’y a qu’à regarder autour de nous, aujourd’hui. Les grandes entreprises, et même l’État, ne carburent pas à l’énergie, au pétrole ou au gaz, ces entités carburent grâce à nos données numériques personnelles, qui sont devenues le nouveau pétrole depuis quelques années. Or, ces données numériques sont vulnérables, comme le rappelle Le Figaro, elles peuvent être piratées, sabotées, subtilisées ou détruites, comme on l’a vu encore récemment avec le piratage en provenance de Corée du Nord et le fameux virus WannaCry qui a bloqué plus de 200.000 ordinateurs dans 150 pays. Et pas que dans des pays en voie de développement, puisque des cliniques britanniques et l’usine Renault en France ont également souffert de ce piratage mondial.
Si je parle de guerre, c’est parce qu’elle avait jusqu’à présent quatre dimensions: la mer, la terre, le ciel, et l’espace. Mais désormais, avec le numérique et le traitement des données numériques, c’est une cinquième dimension qui s’ouvre, précise encore Le Figaro. Mais qui s’ouvre à qui, direz-vous ? Eh bien, par exemple, à des dictatures, et je n’ai pas besoin de les citer, elles le sont chaque jour dans nos médias.
Ces dictatures, ou des groupes terroristes, ont généralement moins de moyens financiers que les pays occidentaux ou des armées plus faibles, mais ces Etats et ces terroristes ont compris que nos démocraties sont des démocraties d’opinion. En clair, leur opinion les fragilise. Et donc, dans cette guerre asymétrique, ces dictatures ou ces groupes terroristes tentent de reprendre le dessus sur nos pays, en déstabilisant nos populations, en prenant le contrôle de leur esprit. Comment ?
En frappant un grand coup médiatique, en piratant à distance nos données numériques, et donc en sabotant indirectement nos usines, nos hôpitaux ou nos centrales nucléaires. Bref, en donnant l’impression qu’ils nous contrôlent à distance, puisqu’ils contrôlent nos données numériques.
« Est-ce encore utile de consacrer autant d’argent à moderniser sa flotte aérienne, alors que la guerre de demain sera surtout cybernétique ? »
C’est pourquoi certains se demandent s’il est encore utile de consacrer autant d’argent, comme l’a fait la Belgique, par exemple, à moderniser sa flotte aérienne, alors que la guerre de demain sera surtout cybernétique. Surtout que d’ici quelques années, via l’internet des objets, nous aurons, au bas mot, 20 milliards d’objets qui seront connectés entre eux. Pour notre confort, certes, mais aussi pour celui des terroristes en herbe.
La crainte n’est d’ailleurs pas nouvelle, l’ancien vice-président de George Bush Jr, Dick Cheney, lorsqu’il avait compris l’essor qu’allait prendre l’internet des objets, a immédiatement pris peur. Pourquoi ? Parce qu’il portait un pacemaker depuis des lustres, et il avait compris qu’un État malveillant ou des terroristes pourraient éventuellement le débrancher à distance !
Voilà pourquoi les spécialistes parlent de l’information comme la nouvelle clé de la guerre. Pour beaucoup de personnes, l’information, c’est ce qu’on entend ou lit dans les médias et qui peut faire l’objet d’une guerre de manipulation des esprits, comme on le voit en ce moment aux États-Unis. Mais l’information ce, n’est plus ce que cela, ce sont aussi des données numériques, qui peuvent, en cas de sabotage, paralyser un chef d’État ou un pays. L’enjeu des politiques est d’abord d’en prendre conscience et ensuite de nous défendre contre ce nouveau danger.