Question récurrente : la France est-elle vraiment la première destination touristique mondiale ? Paris s’est-elle vraiment réconciliée avec le dynamisme touristique ? Bref, peut-on vraiment se fier aux chiffres optimistes régulièrement publiés ici et là — et PagTour n’échappe pas à la règle, encore dans ce numéro — qui montrent la France en exemple ?

Sous le titre « L’indigence statistique du tourisme français », le site TendanceHotellerie.fr observe que « ministres ou élus de tous bords exhibent des chiffres dont ils ne maîtrisent ni les sources ni les résultats ». Car comment, en effet, espérer avoir des chiffres corrects et représentatifs à défaut d’être exhaustifs quand aucune méthode de collecte fiable, et de facto obligatoire, n’a été mise en place à l’échelon national et surtout pour tous types d’hébergement marchand ?

Il est simple de compter…

Compter les visiteurs arrivant et partant d’un aéroport est simplissime : entonnoir obligatoire, PNR des passagers systématiquement enregistrés, …

Dénombrer les clients d’hôtels est plus compliqué. Certes, les statistiques de fréquentation des chaînes sont collectées a priori avec sérieux. Mais en France, ces chaînes ne pèsent qu’un cinquième des hôtels et 46 % du nombre de chambres. Comment les statistiques des 20% les plus structurés, les plus professionnalisés et les plus performants d’un marché pourraient-elle être représentatives des 80% restants ?

L’INSEE, l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques, interroge les hôtels et autres formes d’hébergement, mais pas tous, ni sur la durée. A partir de données parcellaires, on utilise la méthode de l’échantillonnage. Ainsi, les statistiques hôtelières de l’INSEE sont les moins farfelues. Mais on peut se poser la question de savoir si les questionnaires reflètent l’évolution des comportements, de la distribution et du marketing.

La France étant théoriquement championne du monde, on ne fait pas les efforts nécessaires pour s’améliorer, pour se remettre en question, pour combler les lacunes… Le lobby du secteur, Alliance 46.2, tirait le signal d’alarme en 2016, avec une année qu’il prédisait de voir être « particulièrement mauvaise ». Il ne s’y est pas trompé. Mais son Livre blanc pour le Tourisme d’Alliance 46.2, regrette TendanceHôtellerie, se contente d’énumérer quelques idées glanées ci et là depuis des lustres.

Des pistes

Il existe cependant plusieurs pistes pour corriger le tir. L’une d’elles se base sur la mise à jour récente des systèmes de caisse et de facturation de TOUS les hôtels français (voir Obligations fiscales des PMS, NF525 et NF203, comment s’y retrouver ?). Jamais ce parc n’a été si homogène, tout particulièrement sur la période unitaire de facturation, la journée. Cette piste n’a cependant de chance de fonctionner qu’à la condition d’une impulsion forte du gouvernement qui fixe une direction et un calendrier clairs. Elle suppose la mise en place d’un groupe de travail incluant des éditeurs de logiciels, dans le but de mettre place une transmission électroniques des données d’ici 2020.

Si la France montre le chemin à d’autres pays, conclut TendanceHotellerie.fr, peut-être qu’un jour on aura de vraies statistiques du tourisme à l’échelon européen ou même plus… Car on peut bien entendu adresser les mêmes griefs à (presque) tous les pays d’Europe et du monde, qui tous utilisent leurs méthodes propres.

Avec des données accessibles en temps réel en open data, un gisement de valeur existe pour créer de nouveaux services, innover et surtout redonner du pouvoir à chacun des innombrables acteurs du tourisme.

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