L’application FaceApp fait fureur en ce moment car elle permet notamment de nous vieillir -du moins nos photos- avec beaucoup de crédibilité. Notre chroniqueur éco. nous parle du volet privé dont personne ne parle mais qui est important.
J’ai beaucoup fait rire mes amis ces derniers jours. Il est vrai que j’ai été facétieux et que je leur avais envoyé une photo de moi avec une barbe grisonnante du plus bel effet. Comme nous sommes en plein été, la plupart ont cru que j’en profitais pour ne plus me raser et me donner un look plus mature.
En réalité, étant légèrement imberbe, je serai incapable d’avoir une barbe aussi fournie. Et effectivement, j’ai avoué quelques heures plus tard que la photo était truquée par un ami grâce à FaceApp, une application qui fait fureur ces derniers jours.
C’est simple, FaceApp est la première application la plus téléchargée sur Google Play (la boutique des smartphones Android) mais elle est aussi la plus populaire sur l’App Store, la boutique en ligne des iPhones. Et c’est assez normal, car grâce à des algorithmes très sophistiqués, cette application permet de nous vieillir ou de nous rajeunir avec beaucoup de crédibilité.
Comme l’écrit Le Figaro, avec cette application, vous ajoutez quelques rides en plus à votre visage ou à celui de vos amis ou parents, et vous retirez quelques cheveux et à la fin, c’est un fou rire garanti.
D’ailleurs, cette application FaceApp fait déjà fureur depuis deux ans, car elle est devenue virale le jour où elle a permis de changer le sexe des utilisateurs à partir d’une simple image ou encore de rajouter des sourires à des œuvres d’art. L’an dernier, Le Figaro rappelle que FaceApp a même suscité la polémique en permettant de changer de couleur de peau de manière automatique.
« FaceApp: nous acceptons de brader une partie de notre vie privée pour quelques moments de fou rire avec nos proches »
J’en parle aujourd’hui car en-dehors de cet aspect amusement, mes confrères du Figaro rappellent que cet amusement a un prix. Et c’est notre vie privée une fois de plus qui est en cause. Comme la plupart des applications, FaceApp récolte notre adresse IP et nous suit à la trace via une dizaine de traceurs de publicité comportementale.
Pour l’usage des photos, FaceApp ne peut pas accéder à la totalité des photos contenues dans notre smartphone et il faut notre consentement. Mais une fois que nous, en tant qu’utilisateur, avons donné notre consentement pour partager une ou plusieurs photos, il faut savoir que ces photos appartiennent désormais à FaceApp, c’est écrit en tout petit dans les conditions générales.
La direction de FaceApp pourrait en faire ce qu’elle veut et le plus souvent, elle l’utilise pour entrainer ses algorithmes de reconnaissance faciale à devenir encore plus fiables. De plus, FaceApp stipule dans son règlement – que personne ne lit bien entendu – que les données recueillies – donc nos photos – peuvent être transférées hors de l’Europe.
Or, justement le RGPD, garantit au citoyen européen de disposer du même niveau de protection de vie privée quel que soit le pays où ses données transitent. Nous voilà donc prévenus.
Mais soyons réalistes, Le Figaro a raison de rappeler que Twitter, Snapchat et Facebook ont des conditions d’utilisation très permissives avec nos données.
Il faut dire que leurs algorithmes adorent utiliser les photos de nos visages pour entrainer leurs algorithmes de reconnaissance faciale. Et donc plus elles se nourrissent de nos photos et plus l’application devient bonne et pertinente. En bref, nous acceptons de brader une partie de notre vie privée pour quelques moments de fou rire avec nos proches. Autant être conscient de ce deal et de l’accepter ou pas.