Cette première exposition à la Philharmonie de Paris sur Barbara, une artiste femme est une invitation à découvrir ce que signifie être une femme libre, une femme qui écrit, compose et interprète, dans cette seconde moitié du XXe siècle.
Un sas noir et cossu, un halo violacé qui semble s’y évanouir et me voici, dépouillé, en face d’elle . A nouveau vivante et vibrante, telle une aïeule adulée et absente depuis très longtemps. Trop longtemps. Nos yeux se dévorent et le regard de l’une perce l’intimité et les souvenirs obscurs de l’autre. L’accord est implicite.
Une envie qui se mue en besoin primaire de la prendre dans mes bras, de l’apaiser comme une petite fille.
Lui redessiner sa frange. Lui extirper cette douloureuse tristesse qui stigmatise deux grands yeux qui lui dévorent la peau blême de son visage anguleux. La rassurer pour l’éternité qui lui restera à parcourir.
Sobre et élégante, distinguée et généreuse, elle interrompt, de sa main animée par la grâce et de sa voix majestueuse, ma torpeur et ma léthargie. Elle m’invite à la suivre dans ce dédale feutré qu’elle a accepté de montrer sans voyeurisme aucun. Elle me dira tout ai-je osé échafauder. De sa vie. D’elle.
Le noir, omniprésent, m’assure et me rassure de sa présence silencieuse et bienveillante. Au travers d’une foule d’ambiances éclectiques dans lesquelles s’exhibent, non sans pudeur, sa vie, ses vies, je traverse et revit, avec elle, le tumulte qui fut le sien.
De la disette à la profusion toujours partagée, des désespoirs aux bonheurs feints ou furtifs, elle se dévoile avec une classe qui n’appartient qu’à elle.
Pour moi … laissez-moi y croire … m’y étourdir et écouter ses chansons épurées mais si riches, aujourd’hui encore. Plus encore.
Un flot de documents exhibés, pour quelques jours encore, en héritage visuel et sonore. Le légendaire cabaret de l’Ecluse, ceux des bords de Seine, hôtes des Ferré, Brel, Brassens, Sauvage, Gréco… Ils sont tous venus. Et toutes resplendissent ici aussi. Même Johnny qui est décédé ce matin. Et cette pléiade de chanteurs artistes compositeurs qui essaiment d’une rive à l’autre, en quête inassouvie de quelque succès et reconnaissance. En finir tard ou tôt avec ces épisodes de dénuement et de carences. Mais prendre le temps et se délecter de cette période débordante de richesses culturelle et humaine… Dilemme …
Pour moi aussi: faut-il vraiment franchir cette frontière intitulée «sortie définitive et irrévocable» ou refuser de l’y laisser seule, à nouveau …?
Barbara, je reviendrai, avant que nouvelle trêve ne te soit accordée.
Je te remercie déjà d’avoir gardé encore quelques confidences et cachotteries que tu voudras ne partager qu’avec moi.
Infos: A la Philharmonie de Paris, cette « année Barbara » va même durer jusqu’au 28 janvier 2018 avec cette exposition. Photographies et documents filmés, du quotidien, au travail en studio, chez elle, en tournées, montrent souvent Barbara rieuse, vive, lumineuse. A chaque espace, une scénographie bien pensée. L’enfance avec l’errance familiale de ville en ville, Le cabaret L’Ecluse est recréé avec des chaises, son filet de pêche, … dans les allées de la Philharmonie, sa voix nous accompagne en permanence. Mon enfance, Dis quand reviendras-tu ou Ma plus belle histoire d’amour, … Des extraits d’interviews nous éclairent sur la personnalité complexe de l’artiste …