La Belgique, première destination… des Belges

En collaboration avec l’ABTO et GfK, le Fonds de Garantie Voyages a présenté vendredi les résultats de l’analyse trimestrielle des projets de voyage des Belges.

Cette analyse a été réalisée à partir de 38 questions pertinentes posées à 850 répondants, correspondant à 2.500 à 3.000 voyageurs, représentatifs de la population belge. C’était la deuxième de l’année et ses résultats étaient évidemment d’autant plus attendus qu’entre-temps, le Covid-13 est passé par là…

La crise sanitaire et l’arrêt des activités de tous les opérateurs touristiques a contraint les Belges à postposer leurs vacances, et 15% d’entre eux n’ont même aucun projet pour les 24 prochains mois… soit un peu plus que ceux qui comptent bien partir dans ce même laps de temps (14%).

Mais la proportion de ceux qui espèrent tout de même partir en vacances dans les 12 mois qui viennent est tombée de 82% (avant l’arrivée du virus) à… 71%. Bref, c’est plutôt la morosité… Et cependant, les vacances demeurent, pour les Belges aussi, un besoin primordial.

https://i0.wp.com/la1ere.francetvinfo.fr/image/zMmm12qyF7T9XjGIQa6P9ZvrdhY/600x400/outremer/2020/04/08/5e8dda5972483_images-3-1336176.jpeg?resize=300%2C200&ssl=1Pour un Belge sur trois, le coronavirus est évidemment la première raison pour ne pas partir dans l’année (33%), voire même dans les deux ans (30 %).

Les intentions de réservation pour 2021 ont tout de même bondi de 3 à 20% même si 16% ne sont pas encore décidés : il faut voir là, sans doute, l’impact du « corona voucher », valable jusqu’en 2021. Restent donc 63% des Belges qui tiennent encore à partir cette année : c’est à peu de chose près le même nombre qu’avant la crise.

Partir, mais quand ?

Les intentions se sont ainsi déplacées sur les mois d’août et d’automne (de 24 à 30%) mais surtout sur 2021 (35%) : il faut voir là, sans doute, l’effet du « corona voucher ».

Pour autant, on ne constate pas de véritable augmentation sur les intentions de réservations tardives : l’incertitude demeure, aussi, passant de 14% d’indécis avant le Covid à 22%, ce qui, ajouté aux 19% de ceux qui réserveront sans doute à moins de J-30, laisse tout de même un beau potentiel pour les « last minute ».

Partir, mais où ?

C’est peut-être ici que les différences par rapport à la période d’avant la crise sont les plus significatives. Le touriste belge va rester en Europe, la part de ce marché passant de 67 à 72%. Cette année, à l’image de la France, dont les ressortissants resteront majoritairement chez eux, la Belgique est plébiscitée et devient la première destination de vacances : près de 14 % des répondants, contre moins de 10 % avant la crise !

La France reste la destination « étrangère » préférée des Belges, quoique, pour la première fois depuis longtemps, en légère baisse (11,83% contre 14,59), devant l’Espagne (9,59 % contre 11,38) et… surprise : les Pays-Bas qui, à l’inverse, bondissent de 4,64 à 8,09% dans les intentions de vacances des Belges.

Guide de voyage au Pays-Bas - Ready to go

Viennent ensuite l’Italie (3,65%), la Grèce (3,65%) et surtout le Portugal (3,11%, contre 1,96). Les Etats-Unis —quand on pourra y retourner… — séduisent quant à eux 2,49% des répondants contre 1,36% avant la crise. La Turquie, elle, enregistre une petite progression (1,92% contre 1,58) alors que l’Allemagne et l’Autriche sont en baisse.

La crainte du Covid-19 reste présente en France pour 21% des Belges, en Italie (25), en Espagne (19), en Égypte (20) et même en Turquie (11) et aux USA (8), alors qu’elle est quasi-inexistante en Belgique (4%).

Le budget, en revanche, n’est pas affecté par la crise, au contraire : il est passé de 801 euros par personne à 893,50 €, soit une augmentation de 11,5%, probablement en partie grâce aux économies réalisés cette année…

Partir, mais comment ?

Les vacances en voiture font leur grand retour, plébiscitées à 46% (contre 36) au dépens de… l’avion, qui ne séduit plus que 39% des vacanciers, contre 45 avant le début de la crise. Le train reste à 5% tandis que l’autocar perd trois points, à seulement 2%.

Partir en avion, mais d’où ?

Un des enseignements les plus étonnants de cette étude c’est la désaffection — toute relative, évidemment — des deux principaux aéroports, Bruxelles (72% contre 77) et Charleroi (28 contre 30), au profit des petits aéroports de province : Anvers (+50%), Ostende (+25%) et Liège, qui passe de 5 à 8% des intentions d’utilisations, et même Eindhoven, qui passe de 10 à 16% ! Peut-être faut-il y voir la crainte de la foule lors des contrôles, qui seront nécessairement renforcés.

L’étude de GfK montre encore la désaffection progressive pour les formules hôtelières traditionnelles au bénéfice de la location d’appartements, de villas, des secondes résidences et du camping avec, par voie de conséquence, un recours accru au self catering, même pour le petit déjeuner, faute sans doute de buffet. Mais les Belges restent 52% à préférer l’hôtel, et 15% à choisir une formule all inclusive.

Partir, mais pour quoi faire ?

Effet du confinement, sans doute : les Belges sont toujours plus nombreux à réclamer des vacances actives, notamment la possibilité de pratiquer des sports : marche, jogging, vélo, etc., mais aussi celle d’activité culturelles et de loisirs. Ce que redoutent les touristes, c’est qu’il n’y ait rien à faire, ou pas grand-chose, à destination… Ce n’est aucunement le cas en France ni en Italie, mais ça l’est… en Belgique !

La crainte d’une attaque terroriste a quasiment disparu en France et en Italie, elle ne subsiste guère qu’un peu en Espagne, en Égypte et en Turquie, mais moins qu’avant l’arrivée du Covid-19. 

Le climat ne reste guère une préoccupation qu’en Espagne, où il peut faire vraiment très chaud, et en Belgique (on ne s’explique pas pourquoi…) Mais ni la distance — sauf pour la Turquie, qui n’est guère accessible qu’en avion, et pour l’Espagne et l’Italie si on y va en voiture —, ni la langue, ni la sécurité en général ne semblent poser un problème dans le choix de la destination. Pas davantage le niveau des prix.

Mais « le pays ne m’attire pas en général » ou « sa culture ne me parle pas » sont des arguments qui sont assez largement pris en compte, et l’Espagne, par exemple, ne réalise pas un bon score, quoique meilleur (34%) qu’avant la crise. C’est aussi le cas de la Turquie, de manière plus compréhensible, où l’on pointe aussi le risque sécuritaire, mais là encore, moins qu’avant la crise.

Il y a aussi toutes ces destinations où les Belges ne veulent pas se rendre. En tête de ce classement, hélas ! Israël, dont on ne retient sans doute que la situation sécuritaire, suivi de pays à vocation pourtant touristique, comme le Sénégal et la Gambie, la Namibie et le Botswana, la Jordanie juste devant la Chine aujourd’hui, le Kenya, la Tanzanie et Zanzibar, le Maroc, l’Inde, la Tunisie, etc. C’est dire s’il reste de gros efforts de communication à faire pour convaincre.

Prêts à s’accommoder

A lire les chiffres dans le détail, tout se passe donc comme si ceux qui ont été privés de vacances sont prêts à s’accommoder de quelques inconvénients ou risques possibles, pour autant qu’ils puissent trouver aussi près que possible de chez eux ce dont ils ont été privés pendant trois mois.

COVID-19 : Distribution de masques – Audierne – Station de tourisme

La crise du Corona a ainsi modifié les habitudes et les comportements des clients, qui ont dû compenser la fermeture des agences de voyage, réserver eux-mêmes leurs locations et organiser leurs voyages en voiture en ligne (65 contre 58% d’entre eux avant la crise).

La vraie question est de savoir si les comportements que l’on observe aujourd’hui sont de circonstance et disparaîtront dans les deux ans ou si, au contraire, ce sont là des signaux faibles — pas si faibles, d’ailleurs — annonciateurs d’un changement en profondeur et véritablement durable des « styles de vie » auquel on assiste aujourd’hui.

Dans l’immédiat, les agences devront répondre aux attentes « traditionnelles » de leurs clients, tout en se tenant prêtes à affronter, peut-être, des changements plus spectaculaires.


Le bon choix

On ne dira jamais assez le bon choix qu’a fait l’ABTO en se débarrassant du WES, le bureau d’études statistiques ouest-flandrien — dont PagTour se faisait systématiquement une joie de dénoncer l’inutile incompétence — au profit de GfK, le plus grand institut d’études de marché d’Allemagne et le quatrième du monde, grâce auquel on dispose enfin désormais d’informations pertinentes et, surtout, utiles aux professionnels du tourisme.

Rendons grâce, aussi, au Fonds de Garantie qui a organisé cette fois la présentation des résultats au cours d’une téléconférence organisée en deux sessions linguistiques séparées, le gros de la française étant assurée par Pierre Fivet. C’est deux fois plus de travail, mais cette fois, c’en valait la peine. C.B.

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