La question n’est pas anodine pour les constructeurs automobiles, car avec les scandales et la volonté de nombreuses villes de bannir les voitures diesel, c’est une question importante pour l’avenir de l’industrie auto.
Les Anglais disent parfois d’une personnalité qui connaît la déchéance : « How low can he go » ? Eh bien, c’est un peu la même chose pour les moteurs diesels : jusqu’où ira la chute ? En effet, depuis l’éclatement du « dieselgate », ces moteurs diesel ne sont plus en odeur de sainteté. La question que se posent les constructeurs selon mes confrères suisses du Temps, c’est quelle sera encore la part de marché du diesel demain en Europe ? Jusqu’où cette part tombera-t-elle ? Elle sera à 40% ? Ou à 30% ? 10% ? Voire même à 0 % ? Personne ne peut répondre à cette question.
Même les experts, c.-à-d. les constructeurs automobiles, se déchirent sur ce sujet. Johan van Zyl, le patron de Toyota Europe n’hésite pas à dire que le moteur diesel disparaîtra tout simplement du marché des particuliers. A l’inverse, Matthias Muller, le patron de Volkswagen pense exactement le contraire et reste persuadé que le diesel connaîtra une « renaissance ». Plus prudent, le patron de Peugeot se contente de dire que ce sont les clients qui décideront. En revanche, ce qui est déjà certain, c’est que la demande pour les moteurs diesel est en baisse depuis 6 ans, et la glissade semble assez brutale d’après le numéro deux de Renault.
Sans être expert, on peut sans souci se dire que la part de marché maximale atteinte par les moteurs diesel et qui était de 56% en Europe en 2012 ne sera plus jamais atteinte. En un an, environ 500.000 ventes de voitures diesel ont disparu du marché. C’est l’équivalent des volumes d’un constructeur comme Dacia selon Le Temps. Bien entendu, ce sont les moteurs à essence qui profitent de ce coup de balancier, vu que les alternatives sont souvent plus coûteuses pour le moment. Tenant compte aussi du fait que de plus en plus de villes veulent bannir les véhicules diesel, les constructeurs auto échafaudent des scénarios.
Le premier positif table sur une stabilisation du marché des diesels à 30%. Si c’est le cas, l’industrie automobile pourra adapter ses capacités de production sans trop de difficultés. En revanche, si le diesel devient vraiment le mouton noir de toutes les villes et que sa fiscalité devient dissuasive, alors la part de marché du diesel risque d’être réduite à pas grand-chose. Reste à savoir où se situe le seuil à partir duquel les constructeurs devraient arrêter de fabriquer ce genre de moteur.
Une chose est déjà certaine, l’industrie automobile revoit sa stratégie moteur et réduit son offre diesel. C’est nécessaire, car l’argent économisé doit servir à financer la voiture électrique et la voiture autonome de demain. Le patron de Fiat l’a encore rappelé au salon de Genève – il n’y a pas le choix d’agir autrement.