Je vais vous poser une question simple : qui d’après vous va nous permettre de sortir de cette crise économique en-dehors des vaccins ou de l’immunité collective ? Ne cherchez pas du côté du gouvernement, ni des banques, ni de la commission européenne ou même du côté de Superman… Non, la clé majeure de la reprise économique, c’est vous, c’est moi !
En fait, quand je dis vous et moi, je parle de notre épargne. Oui, c’est en dépensant notre épargne que nous allons tous nous sauver collectivement. C’est ce qu’espèrent la plupart des gouvernements dans le monde, que ce soit aux Etats-Unis, en Allemagne, en France ou dans notre bonne vielle Belgique. La question que se posent tous ces gouvernements, c’est : est-ce que le consommateur va consommer tout ou une partie de l’épargne qu’il a accumulé durant la pandémie ? Et si oui, à quelle vitesse ?
En effet, c’est la première crise dans l’histoire où les citoyens – je dis bien en moyenne – ont plus d’épargne après la crise qu’avant la crise. Je sais que cela peut choquer les personnes qui ont des difficultés à nouer les deux bouts, mais en moyenne, le Belge a plus épargné en 2020 que durant n’importe quelle période. La preuve par les chiffres : en 2020, le Belge a investi 40 milliards d’euros dans les actifs financiers que ce soit sous forme de comptes d’épargne ou de fonds d’investissement en Bourse, c’est un record.
L’autre preuve de ce que je vous avance, c’est que l’encours des comptes d’épargne est à un autre record historique de 295 milliards d’euros. C’est du jamais vu ! Pourquoi ? Mais parce que le Belge a – à nouveau en moyenne – gardé son emploi, donc son revenu et en même temps, il a été empêché de sortir et de consommer. C’est ce qu’on appelle l’épargne forcée. C’est cette épargne qui est en soi une réserve importante de notre future croissance : plus on consommera collectivement et plus le chômage sera réduit demain.
Déjà là, nous devons accepter de vivre en pleine schizophrénie, car les gouvernements vont bientôt nous demander de consommer davantage et d’arrêter d’épargner, mais au même moment, ils nous demandent de diminuer notre empreinte carbone. Faut savoir, c’est l’un ou l’autre : on sauve la planète ou on sauve les chômeurs ?
Mais ce n’est pas tout, le consommateur – vous et moi donc – nous avons peur de l’avenir, nous avons peur que les faillites (et donc le chômage) augmentent, nous avons peur que les impôts augmentent pour payer la dette, et donc, que faisons-nous individuellement : nous continuons d’épargner et le chiffres le montrent. Les économistes vous diront que ce n’est plus de l’épargne forcée, mais de l’épargne de précaution. Et cela, les gouvernements détestent car ils veulent que cette épargne aille dans le circuit économique.
Donc, oui, notre épargne, qui pendant des siècles et y compris à travers les fables de Jean de la Fontaine, a été recommandée comme un signe de bonne gestion, cette même épargne sera critiquée, voire découragée. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir comment le gouvernement actuel veut pénaliser fiscalement ceux et celles qui cotisent pour leur pension extra-légale.
A l’instar de mes confrères des Echos, cela m’a aussi fait penser à la chanson « fais pas ci, fais pas ça » que chantait Jacques Dutronc en 1968. Rien n’a changé depuis lors, vive donc la schizophrénie gouvernementale !