Les jeux sont quasiment faits. La compagnie aérienne italienne ITA Airways, ayant succédé à Alitalia, devrait se retrouver très prochainement dans le giron de Lufthansa, aux côtés de Brussels Airlines.
Le feuilleton à rebondissement d’ITA Airways devrait bientôt connaitre son épilogue. Il est vrai que son issu ne faisait guère de doute depuis l’arrivée de Giorgia Meloni à la tête du gouvernement italien, désavouant le choix de son prédécesseur Mario Draghi. Avec dès le changement de ministre des Transports la volonté de faire capoter les négociations exclusives engagées par l’Etat italien – actionnaire à 100% d’ITA – avec Air France-KLM, associée pour l’occasion à Certares et Delta Air Lines, dont l’offe avait été retenue l’été dernier, au détriment de celle de Lufthansa et de l’armateur MSC.
Le nouveau décret publié en début de ce mois de janvier, précisant les conditions d’acquisition du transporteur italien, était dès lors taillé sur mesure pour Lufthansa. Le groupe franco-néerlandais en a pris acte et vient de jeter l’éponge, renonçant à déposer un dossier.
Le Lufthansa Group est donc seul à lice pour mettre la main sur ITA Airways. Mais il a renoncé à certaines exigences, s’est engagé à offrir des garanties sur l’emploi et sur le développement de son réseau, et doit, dans un premier temps, revoir fortement à la baisse le niveau de sa participation dans la compagnie transalpine, ayant officialisé une demande pour 40% de son capital, pour 300 à 350 millions d’euros, bien loin du milliard escompté par le trésor italien pour renflouer le transporteur à la hauteur de ses énormes besoins. Mais le groupe ne renonce pas pour autant à en prendre la majorité. Son plan, tel que souligné dans un communiqué de presse : «convenir de l’acquisition initiale d’une participation minoritaire ainsi que des options pour acheter les actions restantes à une date ultérieure». Le Lufthansa Group, en toute logique, devrait donc bientôt rajouter ITA Airways à la liste des compagnies qui le constitue, à savoir Lufthansa, Brussels Airlines, Swiss, Austrian et Eurowings. Sans oublier la compagnie régionale Air Dolomiti opérant en Italie et en Autriche.
Le choix de Lufthansa est-il un camouflet pour Air France-KLM ? Pas sûr. La compagnie française, ces dernières années, était allé de désillusion en désillusion avec Alitalia, pourtant un partenaire historique. Et ITA, dont la flotte devrait dépasser les 80 avions cette année et atteindre 105 appareils d’ici 2025, n’entendra nullement renoncer à tous les attributs de son identité italienne. L’Etat italien s’en fera le garant. De plus, on peut raisonnablement se demander si ITA Airways n’est pas tout aussi fragile structurellement que l’était Alitalia. Enfin, être racheté par un concurrent ne veut pas dire dénouer tous les accords et, par exemple, renoncer aux partages de codes. En revanche, la logique voudrait qu’ITA change d’alliance et quitte SkyTeam au profit de la Star Alliance.
Pour Air France-KLM, la consolidation en cours du secteur offre par ailleurs d’autres opportunités. A commencer par TAP Air Portugal, en cours de privatisation. Un choix probablement moins risqué.