C’est presque le titre d’un excellent article de Pierre Nizet paru ce mardi 15 dans les journaux du groupe Sud-Presse, suite à l’interview du professeur Philippe Marion de l’UCLouvain. Le professeur (de communication) y parlait des influenceurs en général, mais il est évident que j’ai immédiatement extrapolé vers le monde du voyage.
Ce phénomène des influenceurs est bien sûr lié au développement des réseaux sociaux, où des petits malins ont trouvé le filon pour s’ériger en experts sans trop de frais, et même en gagnant parfois beaucoup d’argent, pas toujours directement mais notamment en voyages et séjours gratuits.
Mon collègue et ami Etienne de Nil a déjà fait état de l’attitude scandaleuse de certains influenceurs lors du voyage inaugural d’Air Belgium vers Johannesburg et Le Cap : l’arrogance de certains invités allait jusqu’à quitter un hôtel parce qu’il n’avait pas 5 étoiles ! Le professeur Marion exprime ce phénomène par une équation entre la visibilité et la crédibilité. Le cas est surtout flagrant quand l’influence est exercée par des figures connues de l’audiovisuel, parce que leurs visages nous sont familiers et apportent par conséquent une sorte d’apaisement : “je la connais, donc je peux y croire”.
L’effet pervers produit ses résultats particulièrement dans le domaine du voyage, où les vrais experts, c’est-à-dire les agents de voyages, sont en réelle perte de crédibilité : on ne les a pas vu à la télé, donc comment savoir s’ils sont bons ou pas ? Pour en revenir au titre, “c’est la séduction qui crée l’expert”, et on peut se demander si les agences de voyages ne devraient pas communiquer en utilisant l’image d’une personnalité connue, qui mettrait en avant l’expertise d’une agence plutôt que d’un bas-nylon. Et si ça ne marche pas, ça lui fera de toute façon une belle jambe.
Marc Dans, inspiré par Pierre Nizet du groupe Sud-Presse
