Si le numérique tue à petit feu les employés et cadres du secteur bancaire et des assurances – on l’a vu récemment avec ING ou AXA pour ne citer qu’eux – le moteur électrique est lui aussi destructeur d’emplois, comme on peut le constater chez Volkswagen qui va supprimer 30.000 emplois d’un coup.
Bien entendu, les autres raisons qui justifient ce massacre de l’emploi chez VW ne manquent pas. Les uns disent que c’est le résultat prévisible du scandale des moteurs truqués, un scandale qui aura provoqué des pertes de l’ordre de 30 à 38 milliards d’euros. D’autres spécialistes ont également épinglé le fait qu’en voulant devenir le premier constructeur mondial en termes de ventes, la direction de Volkswagen a perdu de vue la rentabilité, et ses salariés en paient le prix fort aujourd’hui.
En revanche, ce qui a été moins mis en avant, sauf par nos confrères du Monde, c’est qu’en misant dorénavant une bonne partie de sa stratégie sur la voiture électrique, Volkswagen n’a pas d’autre choix que de supprimer des jobs. Quel rapport direz-vous entre ces suppressions massives d’emplois et la voiture électrique ?
C’est simple, le moteur électrique nécessite seulement un sixième des pièces d’un moteur à explosion, sans compter l’absence de boîte à vitesses. Les experts estiment que la valeur d’un moteur électrique est d’environ 10% du coût total d’une voiture, contre 40% pour une motorisation essence ou diesel.
Bref, un moteur à essence ou diesel nécessite plus d’ingénieurs, de techniciens et d’opérateurs pour sa fabrication. Au final, la voiture électrique n’est donc pas polluante, mais elle est moins gourmande en main-d’œuvre humaine. Et c’est valable également pour l’entretien et pour la prévente, rappelle Le Monde.
« Si le moteur n’équivaut qu’à 10% du coût total d’un véhicule électrique, qu’est-ce qui a autant de valeur ? »
La question qui vient immédiatement après avoir posé cet état de faits, c’est que si la propulsion électrique ne vaut que 10% du coût total du véhicule, qu’est-ce qui a autant de valeur alors ? Réponse: la batterie.
Et là aussi c’est un très gros souci pour l’industrie automobile allemande, car les batteries proviennent quasi toutes de Corée du Sud et du Japon, et les fournisseurs sont connus. Il s’agit de LG, Samsung et Panasonic. Quand on sait que l’industrie automobile allemande c’est 785.000 salariés et 368 milliards d’euros de chiffres d’affaires chaque année, on comprend mieux que ce virage vers la voiture électrique fasse peur, car une grosse partie de la valeur ajoutée accumulée par les constructeurs allemands risque tout simplement de s’effriter !
Nos confrères du Monde rappellent donc à bon escient que toutes les forces vives de la nation allemande réclament que l’Allemagne puisse disposer à l’avenir de ses propres usines pour fabriquer les batteries des voitures électriques de demain.
C’est une question d’indépendance économique, mais aussi de sauvegarde de l’emploi. Et voilà pourquoi la direction de Volkswagen a réagi brutalement en supprimant d’un trait de plume 30.000 emplois. C’est très brutal et l’excuse de la voiture électrique tombait à pic.
Mais il faut garder à l’esprit que si la voiture électrique est une menace pour l’emploi industriel, elle ne représente actuellement que 1% du marché. La voiture électrique a donc été une bonne excuse pour justifier la suppression de 30.000 emplois. Les uns diront que c’est du cynisme à l’état pur, et les autres que « prévenir, c’est guérir »…