Il est actuellement fascinant de voir que des pompiers de la finance, qui ont mis le feu à la maison, sont les premiers à s’en plaindre.
La banque centrale européenne et la banque centrale américaine, autrement dit, les deux plus grandes puissances monétaires au monde s’inquiètent des bulles immobilières, des bulles vertes et des bulles liées aux cryptomonnaies.
Le problème, c’est que toutes ces bulles sont liées au fait que les taux d’intérêt sont quasi à 0% du fait de la volonté de ces mêmes banques centrales. En d’autres mots, elles se plaignent d’un mal qu’elles ont causé.
Alors, c’est vrai que des taux à 0% sont là pour nous aider à consommer, à investir et surtout pour permettre aux Etats qui sont très endettés de pouvoir rembourser leur dette publique. Le revers de la médaille, c’est que ces taux d’intérêt à 0% provoquent des bulles.
Les cryptomonnaies dont je parle peu, ne sont basées sur rien de tangible, mais il n’empêche un seul bitcoin vaut aujourd’hui plus de 52.000 dollars. En partie justement parce que les placements sans risques ne rapportent rien. C’est dingue, mais les cryptomonnaies sont devenues en quelque sorte des valeurs refuges, comme l’or auparavant.
En ce qui concerne la bulle verte, dont je parle souvent, les investisseurs boursiers pensent que notre avenir sera 100% électrique. Mais de là à valoriser des entreprises comme Lucid ou Rivian plus que VW ou Ford, c’est qu’il y a un souci. Je rappelle que Lucid et Rivian n’ont pas encore vendu une seule voiture électrique, mais valent plus en Bourse que VW et Ford qui eux vendent des millions de voitures par an. Là aussi, si ce n’est pas une bulle, qu’est-ce que c’est alors ?
Et puis, il y a encore la mère de toutes les bulles : l’immobilier. La brique se porte comme un charme, et la crise sanitaire et le télétravail ont accentué l’intérêt des ménages pour l’immobilier. Et comme durant la crise les Belges ont pu avoir une épargne forcée, une bonne partie de cette épargne va vers la brique. Les Belges ne sont pas les seuls, c’est un phénomène mondial. Le résultat de cette bulle, alimentée par le fait que les taux d’intérêt sont faibles, c’est que le prix de l’immobilier n’arrête pas de grimper. Et donc, les plus jeunes ou les plus fragiles n’ont plus accès au logement sans un coup de pouce de leurs parents. Cette bulle immobilière accentue donc encore les inégalités sociales.
Et qu’on le veuille ou non, vous verrez que la fracture immobilière va s’inviter dans le débat politique en 2022. Quand un ménage sur 5 doit consacrer 40% de son revenu disponible pour se loger, ce n’est pas normal. Les politiques le savent bien et ils répondent à ce souci grandissant en évoquant comme d’habitude une taxation des propriétaires au lieu de réfléchir à une augmentation de l’offre de logement. Et ça non plus ce n’est pas normal.