France Inter a décidé, la semaine dernière, de suspendre une campagne de publicité de la compagnie de croisières norvégienne Hurtigruten. Des auditeurs de la première radio de France avaient en effet interpellé le Médiateur de Radio France, les jours précédant cette décision, sur les messages publicitaires de sa compagnie soeur HX (ex Hurtigruten Expéditions) invitant à partir en croisière sur ses navires dans les régions polaires, dont l’Antarctique et l’Alaska, ainsi qu’aux Galapagos. Avec en prime les billets d’avion offerts.
Pour ces auditeurs, la radio de service public a le devoir, quant aux messages publicitaires diffusés sur son antenne, de prendre en compte ses engagements en matière de protection de l’environnement, de participer à la lutte contre le réchauffement climatique. Certains, plus militants que d’autres, estiment en outre qu’il est anormal de servir les intérêts d’entreprises privées, et de promouvoir des voyages dont le caractère élitiste est incontestable…
L’erreur serait de considérer ces auditeurs comme des ayatollahs de la bien-pensance écologique. Leurs arguments méritent débat. Ces terres lointaines sont en effet très fragiles, même si la compagnie déclare veiller scrupuleusement à ne jamais laisser le moindre déchet sur place. Et le bilan carbone d’un tel voyage est loin d’être neutre. De plus, l’argument selon lequel les passagers peuvent témoigner des conséquences sur place du réchauffement climatique est difficilement audible dans l’opinion publique.
Les défenseurs de la croisière ont plutôt intérêt à souligner les transformations en cours des flottes, tout en reconnaissant qu’elles sont très progressives et vont prendre encore du temps.
En 2019, HX a présenté le premier navire hybride à batterie au monde, le MS Roald Amundsen. La branche Expeditions compte aujourd’hui trois navires hybrides à batterie sur sa flotte de sept navires.
Hurtigruten Norway (Express Côtier), dont les sept navires relient aujourd’hui 34 ports le long des côtes norvégiennes, a pour sa part annoncé que trois d’entre eux avaient déjà été transformés en navires hybrides à batterie. Les autres seront progressivement équipés de différentes technologies qui permettront de réduire les émissions de CO2 de 25 % et les émissions de NOx (oxydes d’azote) de 80 %.
Le grand bond en avant technologique interviendra en 2030 avec la livraison de son premier navire de croisière zéro émission, lequel combinera des batteries d’une puissance de 60 mégawatts avec des voiles rétractables munies de panneaux solaires, et des systèmes de propulsion pneumatiques basés sur l’intelligence artificielle, d’hélices contrarotatives et de propulseurs multiples rétractables. Le nouveau navire zéro émission mesurera 135 mètres de long et pourra accueillir 500 passagers et 99 membres d’équipage dans ses 270 cabines.
Ne soyons toutefois pas dupes : les critiques des croisières ne disparaitront pas avec l’arrivée de ces futurs paquebots…