HORECA, communication infantilisante et gouvernement en quarantaine

N’importe quel patron vous le dira, l’économie, c’est d’abord une affaire de confiance, d’adhésion. Les quelques pays qui ont réussi à lutter contre la pandémie ont un point commun : l’adhésion de leurs citoyens. Or, ici, le gouvernement semble pécher par une mauvaise communication et donc il risque de ne plus avoir l’adhésion d’une bonne partie de la population.

Stéphane Fouks est l’un des meilleurs spécialistes de la communication en France, il vient de sortir un livre intitulé « pandémie médiatique ». Je ne peux m’empêcher de le citer car les situations de nos deux pays sont assez similaires. En page 13, il reconnaît que l’ADN des médias aujourd’hui, c’est la peur mais il ajoute que ce fonctionnement n’est pas l’apanage des médias, toute la communication gouvernementale a alimenté l’angoisse.

D’abord, parce que les gouvernants ont dans un premier temps renoncé à décider et ont préféré remettre leur pouvoir aux mains des autorités médicales pour ne pas être accusés d’avoir mis le pays en danger. Ensuite, parce que les citoyens ont reçu des injonctions contradictoires, comme autant des signaux qu’il fallait autant se méfier de nos autorités que du virus. Et cela, ce n’est pas bon pour la confiance, donc pour l’économie en général !

Stéphane Fouks écrit aussi, et c’est donc valable pour la Belgique, que nous nous sommes singularisés « par l’incapacité des dirigeants à expliquer de façon claire et rationnelle les choix qui ont été opérés ».

On le voit avec la fermeture de l’Horeca : d’abord, on dit que ce secteur n’est pas à l’origine de la hausse des contaminations, ensuite que si, et que des études existent mais personne ne les a montrées aux dirigeants des fédérations Horeca. Le ministre de la santé dit – presque désinvolte – que ces études ne sont pas importantes dans le cadre d’aujourd’hui. Bref, avec une telle cacophonie ministérielle, à qui se fier ?

En fait, Stéphane Fouks a raison d’écrire que toute la communication gouvernementale a porté sur des interdits qui sont venir nourrir l’angoisse et la défiance. On sait bien qu’en Belgique, nous avons 11 millions de virologues, mais est-ce une raison de jouer la communication infantilisante, de pratiquer une sorte de modèle parental perverti ?

Pour Fouks, c’est clair, en ne présentant pas – dans un récit bien construit – la façon dont le gouvernement compte sortir notre pays de la crise, le gouvernement nourrit la peur et la défiance. Cette absence de feuille de route optimiste, c’est mortel pour l’économie.

Pour avoir confiance en leurs dirigeants, les citoyens ont besoin d’un cap, d’une boussole, et pas uniquement une litanie de mesures prises à la petite semaine. C’est pourquoi certains avocats et professeurs d’université n’hésitent plus à dire et à écrire que notre État de droit est en quarantaine !

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