Il y a 30 ans, 193 personnes perdaient la vie entre Zeebruges et Douvres. Depuis le Titanic en 1912, l’Europe n’avait plus connu une si grande catastrophe maritime en temps de paix. Une cérémonie en mémoire des victimes a eu lieu ce 6 mars. Ce lundi après-midi, une session académique était organisée non loin du lieu du drame. Celle-ci, afin d’analyser les leçons qui ont été tirées suite au naufrage.
Un naufrage qui marqua les esprits
Deux ans après le terrible incident du Heysel, la Belgique refaisait parler d’elle de manière aussi britannique que funeste. Un bateau de la compagnie anglaise Townsend Thoresen sombrait au large de Zeebruges. Le vendredi 6 mars 1987, le Herald of Free Enterprise quittait le port belge avec 80 membres d’équipage, 459 passagers, 81 voitures, 3 bus et 47 camions à son bord.
Soixante secondes après son départ, le bateau chavirait. On avait en effet « oublié » de fermer les portes du garage par lesquelles l’eau s’était engouffrée. Près de 200 personnes devaient périr englouties par les eaux ou d’hypothermie. Ceci, malgré des secours qui se opérèrent 7 minutes après le premier appel à l’aide. Depuis cet « incident », la compagnie a changé de nom pour devenir « P&O European Ferries »
Une cérémonie en hommage aux victimes
Ce lundi matin, une cérémonie avait lieu au large du port de Zeebruges. Le gouverneur de Flandre-Occidentale, Carl Decaluwe et l’ambassadrice britannique Alison Rose représentaient leurs autorités respectives.
Les survivants, familles et proches des victimes ainsi que les équipes de secours présentes en 1987 étaient également conviés. Un moment empreint d’émotion qui rappela au public combien l’accident était encore vif dans les mémoires.
Support-Escape-Evacuation-Rescue
Hier après-midi, une session d’information se tenait au sein de la base militaire de Zeebruges. Une assemblée de 200 personnes était venue revivre le drame dans ses détails mais également les efforts qui avaient été réalisés depuis lors. Les intervenants évoquèrent les éléments qui permirent à la mort de plonger jusque dans la Manche.
L’officier chargé de la vérification de la fermeture des portes tout d’abord qui dormait dans sa cabine au moment des faits. Le remplissage des véhicules dans les cales, faite de façon anarchique, qui déstabilisa plus encore le navire.
Minute par minute, une officier de marine rappela les problèmes techniques et humains qui rendirent l’évacuation compliquée, telle l’absence d’éclairage sur place.
Seuls les spots de l’hélicoptère de secours permirent aux sauveteurs de travailler en pleine nuit. C’est une urgence équivalant au sauvetage de cent bateaux de pêche qui opposa des secouristes, mal préparés, au drame cette nuit-là.
Au gré des interventions, le public se rassura. Quelques mois après les faits, un rapport détailla au gouverneur belge de l’époque, les différents écueils rencontrés. Depuis, des plans de sauvetage et des collaborations efficaces se sont succédés pour pallier au mieux aux incidents maritimes. Ces derniers touchent principalement la marine domestique.
Un anglais rappela que les organes de secours sont sans cesse confrontés à des évènements différents. On évoqua la problématique des migrants en Méditerranée et le naufrage du Costa Concordia. Des incidents différents nécessitant des interventions appropriées.
Nos lecteurs qui souhaitent en savoir davantage sur les modalités mises en place (cela pourrait rassurer vos clients) peuvent se rendre sur la page www.imrfmro.org. Si la traduction du site laisse à désirer en français, il reprend de façon détaillée toutes les démarches qui ont été entreprises au niveau européen. Support-Escape-Evacuation-rescue sont les maîtres mots des opérations de sauvetage en 2017.
C’est sous des applaudissements nourris que cet après-midi académique se termina. Les familles, altruistes, s’en allèrent rassurées mais des larmes plein les yeux. Pourquoi nous, se demandent-elles encore. Le destin et les erreurs humaines se tiennent parfois trop bien la main.