La fusion entre la société française Alstom, constructeur du TGV, et les activités ferroviaires de la société allemande Siemens ne passe pas auprès des hommes politiques français.
Si la presse a plutôt salué l’arrivée d’une sorte « d’Airbus du ferroviaire », en revanche, chez les politiques français, à gauche comme droite, c’est l’unanimité contre ce deal qui, selon eux, ne va pas constituer un champion européen du ferroviaire, mais bien un champion allemand.
Il faut dire que les politiques français ont peur pour l’emploi… Bien entendu, ils ont reçu des garanties de sauvegarde pour l’emploi, mais ils considèrent que ces garanties sont des garanties de papier. Et ensuite, ces mêmes hommes politiques ont l’impression qu’Emmanuel Macron a été vite en besogne et a sacrifié les intérêts de la France au profit de l’amitié franco-allemande.
« Aujourd’hui, les entreprises doivent grandir pour relever les défis de la mondialisation et de la révolution numérique »
Toute fusion est discutable, mais la vérité, c’est qu’aujourd’hui, les entreprises doivent grandir pour relever les défis de la mondialisation et de la révolution numérique. Les investissements pour s’adapter à la nouvelle situation sont tellement grands qu’il n’est plus possible de rester immobile ou de rester seul.
Évidemment, aux Etats-Unis et en Chine, il y a des champions mondiaux parce que leurs marchés nationaux sont tellement grands qu’ils peuvent se comparer à celui d’un continent. En revanche, rien de tel en Europe: les marchés sont fragmentés et, sans fusion entre un ou plusieurs pays, il n’y a aucune chance de devenir un champion mondial dans la banque, l’énergie ou le transport, comme c’est le cas par exemple avec la fusion entre Alstom et Siemens.
Bien sûr, chaque pays en Europe, et ici en l’occurrence la France, voudrait qu’en cas de fusion, de mariage donc, entre deux entreprises, ce soit l’entreprise française qui soit l’acheteuse et la firme allemande, la société achetée. C’est légitime, car bien souvent acheter plutôt que d’être racheté permet de garder les jobs et les centres de décision sur le territoire national.
Mais il faut être réaliste, la France, à ce jeu, ne peut pas espérer à chaque fois gagner, elle doit aussi accepter ou admettre que si on veut construire des champions européens, le centre de décision ne peut pas toujours être à Paris. L’Europe économique ne peut pas être entièrement dirigée au départ de la Ville Lumière, et ce n’est pas moi qui le dit mais le journal Les Echos, le très influent quotidien économique français qui a compris qu’on ne peut pas gagner à tous les coups et bloquer l’Europe économique uniquement quand elle ne se fait pas selon vos couleurs ou votre drapeau.