Le quotidien « la DH » s’est fait l’écho d’un « écart de conduite » de la députée provinciale Annie Taulet, « organisatrice de voyages ». En effet, celle-ci a lancé par le biais d’un envoi « toutes boîtes » dans sa région de St-Ghislain, une offre de voyage dans le Midi de la France. Une telle action pose deux problèmes :
-
le premier, c’est qu’il n’apparaît nulle part un N° de licence d’agence. Or comme chacun sait seule une agence de voyage, avec licence et participation à un fonds de garantie voyages peut proposer des voyages à la vente.
-
le second problème, c’est que cet envoi de la députée constitue, par sa forme et son contenu, une concurrence déloyale envers les agences privées, surtout celles de la région évidemment. Dans la forme parce que de l’argent public et des fonctionnaires sont utilisés pour diffuser cette vente, et apparemment aussi pour en prendre les commandes. Dans le fond parce qu’il est fait référence à « une offre défiant toute concurrence », ce qui sous-entend clairement que les agences concurrentes dans la région ne peuvent rivaliser –et pour cause- avec ce qui semble être « un service public ».
Qui derrière la députée ?
Là où l’affaire se corse, c’est que l’on constate que derrière l’initiative illégale de la députée se cache bien une agence de voyages, dont elle n’a pas cru bon de mentionner ni le nom ni le N° de licence. Et cette agence est très particulière, puisqu’il s’agit d’International Hainaut Tourisme, une ASBL mise en place et financée par la Province du Hainaut, dans le but d’offrir des séjours de vacances à des prix intéressants aux citoyens de la Province, et qui est en ordre au point de vue de la licence.
Même si des puristes peuvent quand même se poser la question de la concurrence déloyale si cette agence a été établie avec des fonds et des investissements publics, là où les privés ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
Ici encore, deux problèmes.
Le premier est que l’Asbl IHT a, jusqu’à preuve du contraire, agit de bonne foi en réalisant une offre de voyage pour une « cliente », députée provinciale, qui en a fait l’usage que l’on sait.
La question se pose de savoir si le Directeur d’IHT ne s’est pas trouvé en fâcheuse posture devant une cliente qui est aussi, quelque part, son « chef » ou en tout cas dans la mouvance gouvernante d’IHT. Mais on ne peut lui reprocher l’absence de N° de licence sur le toute-boîte, vu qu’il n’en est pas directement l’auteur.
L’UPAV entre en scène
Le second problème est que le Directeur d’IHT est aussi un administrateur de l’UPAV, et s’il y a été élu (et réélu) démocratiquement, nul doute qu’il y est fort apprécié.
Comment l’UPAV réagit-elle à cette situation ? Le plus simplement et droitement possible : elle porte plainte auprès du Service Public Fédéral Économie, pour infraction à la loi sur l’organisation de voyages. Ce n’est donc aucunement l’administrateur David Bricoult qui est sur la sellette, mais sa cliente qui a abusé de sa bonne foi.
Maintenant, des voix s’élèvent pour lui suggérer de faire un pas de côté, arguant qu’il y a d’une part possibilité d’une pression politique sur Mr Bricoult, et d’autre part une situation possible de « juge et partie » dans cette action de l’UPAV.
Pour conclure, il nous semble évident que l’UPAV a réagi de la seule manière qui soit digne en la matière. Elle n’a pas attendu non plus que cette affaire sorte dans la presse, puisqu’elle en a discuté lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu jeudi dernier.
Son action vise aussi à renforcer auprès du grand public l’idée que l’agent de voyage est avant tout un conseiller qui protège son client ! Ce qui va le plus loin dans cette affaire, aux yeux de l’UPAV, c’est sans doute cette petite phrase : « à un prix défiant toute concurrence », qui laisse planer sur la clientèle en général un soupçon de profit indu de la part des agences qui ont pignon sur rue.
Mais reconnaissons que ce n’est pas, hélas, cet aspect des choses qui intéresse la grande presse populaire.