Les autorités de contrôles bancaires réfléchissent à un moyen pour éviter qu’une panique bancaire ne se traduise pas un « bank run » c.-à-d. des épargnants qui sortent leur argent en masse des comptes bancaires.
Comme toujours, tout se fait dans la totale discrétion pour ne pas nous perturber. C’est via une indiscrétion que l’agence d’informations Reuters a appris que les autorités bancaires européennes réfléchissent à une arme anti-panique bancaire. L’idée de base serait d’éviter qu’en cas de mauvaises nouvelles autour d’une banque, les épargnants ne décident de retirer leur argent, ce qui aggraverait encore plus les difficultés de la banque en question. Et comme toujours en Europe, les solutions suggérées viennent d’en haut et sont ensuite négociées en bas.
Dans le cas présent, l’idée de geler les retraits des épargnants est une idée qui vient d’un petit pays, l’Estonie. En temps normal, ce petit pays n’aurait aucune influence, sauf que ce pays préside en ce moment l’Union européenne et peut donc faire des propositions durant sa présidence pour faire avancer tel ou tel dossier.
Et donc, pour couper court à toute panique bancaire, l’idée proposée par cette présidence estonienne serait d’autoriser les contrôleurs bancaires à bloquer les paiements et les retraits, y compris pour les comptes courants, pour une période de 5 jours ouvrables, voir 20 jours ouvrables dans les cas exceptionnels. Bien entendu, si cette proposition est mise aujourd’hui sur la table, c’est parce que ceux qui la défendent estiment que le gel des retraits permettra à une banque européenne en difficulté d’éviter la faillite pure et simple.
Aujourd’hui, si le contrôleur d’une banque européenne veut forcer une banque à geler les retraits des clients, il ne peut pas le faire, et la seule arme dont il dispose, c’est de menacer de mettre dehors la direction de la banque pour justement forcer cette direction à bloquer les retraits d’argent. C’est d’ailleurs cette menace qui a fonctionné positivement et récemment dans un cas réel en Europe. L’exemple récent de la Banco Popular, en Espagne, a montré que si on ne bloque pas les retraits, ceux-ci accélèrent en réalité la chute de la banque en question.
Il semblerait qu’un pays aussi influent que l’Allemagne ne serait pas contre ce genre de proposition de gels des comptes. Mais la plupart des autres pays doutent et n’en veulent pas. Pas question pour eux d’avoir un moratoire qui ne dit pas son nom via ce blocage des comptes des épargnants. C’est la raison pour laquelle, de nouvelles réunions de travail auront lieu ce 7 et 8 septembre pour parler du gel de nos comptes d’épargne et de nos comptes courants.
Aux dernières nouvelles, ce sujet semble tellement radioactif qu’il a davantage d’opposants que de partisans. Avec un peu de chance, nos comptes ne seront donc pas gelés en cas de difficultés bancaires. C’est déjà un traumatisme psychologique en moins pour ce weekend.