Nouveau coup de tonnerre dans l’industrie du voyage européenne, cinq ans après la faillite de Thomas Cook. FTI Touristik GmbH, la société mère de FTI Group (4,1 milliards de CA en 2022-2023, 11 000 salariés dans le monde), a annoncé dans un communiqué de presse qu’elle déposait ce lundi une demande d’ouverture de procédure d’insolvabilité auprès du tribunal d’instance de Munich.
Les premières marques concernées par cette procédure sont les tour-opérateurs FTI Touristik et Big Xtra. Suivront les autres filiales du troisième voyagiste allemand, à l’exception de la marque de luxe Windrose qui devrait poursuivre ses activités.
Tous les services réservés auprès de FTI Touristik GmbH sont donc concernés, y compris les marques FTI en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas. La succursale française FTI Voyages devrait déposer le bilan probablement dans les 24 à 48 heures, a indiqué Mumtaz Teker, président de l’APST (association professionnelle de solidarité du tourisme) à notre confrère L’Echo Touristique. En Belgique, aucune organisation du groupe FTI n’est membre de l’ABTO, l’association des tour-opérateurs belges. Nous n’avons pas d’infos pour l’instant concernant le consolidateur FTI Ticketshop SAS présent aussi dans notre pays.
A compter de demain, les voyages de FTI Touristik ne seront plus assurés. Pour l’heure, des « efforts intensifs » visent à ce que les voyages de milliers de clients « puissent se terminer comme prévu« . Le cabinet d’avocats Finkenhof basé à Francfort a été nommé administrateur de faillite. Le Fonds allemand de garantie des voyages (DRSF) est sollicité. Une hot-line (+49 (0) 89 / 710 45 14 98 avec interlocuteurs germanophones et anglophones) et un site web d’assistance sont mis en place.
Ce dépot de bilan traduit l’affaiblissement du troisième voyagiste d’Europe depuis la crise sanitaire. Pendant cette dernière, l’entreprise avait pourtant reçu une aide publique totale de 595 millions d’euros du Fonds de stabilisation économique (FSE). Mais seuls quelques dizaines de millions sur cette somme auraient été remboursés à ce jour, suscitant l’ire des TO concurrents TUI et DER Touristik. Et le gouvernement fédéral, après des négociations ce week-end, aurait finalement refusé d’apporter une aide supplémentaire à l’entreprise.
FTI Group comptait aussi sur Certares (*) pour renflouer ses caisses. Un accord signé mi-avril dernier avec un consortium d’investisseurs dirigé par le fonds américain, prévoyait en effet l’acquisition, pour 1 euro, de 100% de son capital social auprès des actionnaires existants (dont Naguib Sawiris, fils d’un milliardaire égyptien).
Selon les modalités de l’accord, FTI Group devait percevoir en contrepartie 125 millions d’euros devant lui servir à « accompagner sa prochaine phase de croissance et financer sa transformation numérique ». Mais le fonds américain n’aurait à ce jour versé que 50 des 125 millions d’euros prévus.
Pas suffisant pour couvrir les besoins à court terme en trésorerie, de plusieurs dizaines de millions d’euros, d’autant que les recettes et réservations étaient inférieurs aux attentes, et que les fournisseurs, inquiets, exigeaient des paiements anticipés. Comme le souligne le voyagiste dans son communiqué, « la déclaration d’insolvabilité est devenue nécessaire pour des raisons juridiques« .
(*) Certarès est actionnaire de nombreux opérateurs touristiques (Amex GBT, Hertz, Latam Airlines Group…). En France, il est notamment au capital de Marietton et de Voyageurs du Monde.