Les nouveaux maîtres de l’univers sont des ordinateurs, des algorithmes et ils ont pris le pouvoir à Wall Street. Tous ceux qui ont vu le film Wall Street doivent oublier cette époque où les agents de change étaient tout puissants, c’est fini, comme nous l’explique notre chroniqueur économique.
Forget Gordon Gekko ! Traduction : oubliez Gordon Gekko. Pour les plus jeunes, Gordon Gekko, joué par Michael Douglas, était le personnage central du film Wall Street sorti en 1987. En résumé, c’est l’histoire d’un agent de change ultra puissant et uniquement animé par le goût excessif de l’argent ; un personnage, censé représenter les méfaits de la cupidité financière de l’époque.
Mais si le magazine britannique The Economist (qui je vous le rappelle est le meilleur magazine au monde) a choisis de titrer son dernier dossier « Forget Gordon Gekko », c’est parce que les nouveaux maîtres de l’univers ne sont plus des êtres de chair et de sang, comme cet agent de change, mais des ordinateurs et des algorithmes.
Ce sont ces programmes informatiques qui ont pris aujourd’hui le pouvoir à Wall Street, d’ailleurs les chiffres sont là pour le démontrer : 60% de la gestion des fonds, banques et autres sociétés d’assurance est réalisée par des ordinateurs. Pour la première fois de la longue histoire de Wall Street, la gestion passive (c’est-à-dire la gestion automatisée par des ordinateurs) a dépassé la gestion active, celle réalisée par des humains !
Les plus optimistes diront : oui, c’est vrai, mais derrière ces programmes informatiques, il y a encore un ou plusieurs êtres humains qui contrôlent. La réponse hélas n’est plus aussi vraie que par le passé, les ordinateurs étant devenus autonomes des êtres humains, notamment via l’intelligence artificielle.
Notamment pour le trading à haute fréquence, ce trading qui se joue au millième de seconde et qui représente aujourd’hui une large partie du marché des actions traitées quotidiennement par ces ordinateurs. On parle de 7 milliards d’actions qui sont traitées chaque jour pour un montant de 320 milliards de dollars rien que pour le marché américain.
Le danger de cette prise de pouvoir à Wall Street par les machines, c’est qu’on ne sait pas comment ces machines réagiront en cas de grand krach boursier… Tout ce que l’on sait, c’est que l’arrivée de ces nouveaux maîtres de l’univers explique en partie la déconnection, qu’il y a aujourd’hui entre la Bourse et la réalité économique.
Pour le magazine britannique The Economist, il y a un danger qu’un jour ces machines prennent le pouvoir. Ce magazine n’ose pas imaginer ce qu’il se passerait si par exemple Amazon entrait dans ce business du trading boursier… Amazon pourrait faire des ravages avec toutes les données qu’elle possède sur chacun de nous…
Oui, ceux qui ont vu le film Wall Street doivent désormais oublier ces agents de change gominés, portant des bretelles et hurlant des ordres d’achats et de ventes sur ce qu’on appelait à l’époque la « corbeille ». Aujourd’hui, ce sont des programmes silencieux et ultra-puissants qui font et défont les cours des sociétés cotées en Bourse. Marc Fiorentino, le commentateur de la lettre financière Morning Zapping, a raison d’écrire que les machines ont déjà pris le pouvoir.