« Fake news »: le jeu dangereux des géants du Net

À l’approche des élections françaises et allemandes, les géants du Net comme Facebook montrent patte blanche et tentent de se montrer sous un jour plus citoyen.

Les réseaux sociaux, et en particulier Facebook, ont été accusés de colporter des rumeurs, des ragots et autres fausses informations qui auraient permis le vote du Brexit et l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Il faut dire qu’un réseau social comme Twitter laisse peu de place à l’explication avec ses messages courts de maximum 140 caractères.

Quant à Facebook, ses membres privilégient bien souvent l’émotion, l’instantanéité, l’immédiateté à la vérification des informations colportées. De plus, lorsque Facebook a été accusé d’être un vecteur de «fake news », Les Echos nous rappellent que son jeune patron Mark Zuckerberg a nié toute responsabilité disant même que c’était «dingue» de penser une telle chose…

Entre-temps, un peu d’eau a coulé sous les ponts et les patrons de Google et de Facebook ont compris qu’ils ne pouvaient pas tout nier en bloc. Leur idée principale a consisté à demander aux équipes des médias traditionnels de les aider à vérifier la qualité de l’information qui est propagée. Un label mettant en garde le lecteur serait par exemple accolé à l’information fausse, sans oublier qu’un lien serait mis en direction de l’article correctif. Bonne idée, direz-vous, voilà qui réduira le nombre d’articles malintentionnés.

« Laisser Internet aux mains des propagateurs de fausses informations est incompréhensible, voire dangereux pour la démocratie »

Certes, sauf que selon Les Echos, les éditeurs des médias classiques n’ont pas envie d’aider des géants comme Facebook. Mathias Döpfner, le patron du puissant groupe allemand de médias Axel Springer, a dit tout haut ce que pensent les autres responsables médias: il a clairement dit que ce serait une erreur d’aider Facebook et Google à corriger leur problème de crédibilité.

En fait, les chiffres le montrent Google et Facebook captent à eux seuls plus de 60% de la publicité sur Internet fixe et plus de 90% sur les smartphones ! En clair, les médias classiques seraient priés d’aider Facebook à avoir plus de crédibilité pendant que le réseau social leur pique toute la publicité dont ils ont besoin pour vivre. C’est à tout le moins un paradoxe d’aider quelqu’un qui est en train de vous asphyxier…

Les médias classiques se demandent donc aujourd’hui pourquoi Google et Facebook ne financeraient-ils pas directement les médias classiques pour les aider à combattre les fausses informations. Les géants du Net répondent pour l’instant qu’ils ne veulent pas devenir des « arbitres de la vérité », selon leur propre expression, ce qui est compréhensible. Mais laisser la toile aux mains des propagateurs de fausses informations est tout aussi incompréhensible. C’est même très dangereux pour la démocratie. La fausse information est souvent plus attirante que la vraie, et en cette période de populisme, ce débat entre les géants d’Internet et les médias classiques est capital… même si personne n’en parle.

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