Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais autour de moi, même les esprits les plus obtus ne remettent plus en cause la théorie du réchauffement climatique. La « théorie » est devenue une évidence et c’est tant mieux. En revanche, c’est clair, le débat va se déplacer pour ne pas dire qu’il s’est déjà déplacé sur un autre terrain: celui de la transition écologique.
Le mot « transition » le dit bien, on doit transiter d’un mode de consommation d’énergie à un autre pour le bien de la planète. Faut-il encore que cette « transition » ne soit pas brutale ou brusque comme c’est le cas aujourd’hui. Il n’y a d’ailleurs qu’à voir le prix du pétrole et du gaz – et donc notre facture d’énergie – pour s’en rendre compte.
Bien entendu, si les prix flambent, c’est au fond pour une bonne raison. C’est parce que la reprise économique est très forte après la pandémie. Il ne faut pas se le cacher, c’est en soi un « bon » problème à gérer. Malheureusement, cette hausse du prix de l’énergie n’est pas seulement conjoncturelle (imputable à la sortie de crise sanitaire), elle est aussi structurelle.
La raison ? Depuis 2014, le monde a été inondé de pétrole pas trop cher, notamment le pétrole et gaz de schiste américain, et donc les prix ont baissé. Dès lors, les compagnies pétrolières ont sous-investi dans l’exploration et le développement de nouveaux champs pétroliers faute de rentabilité suffisante.
Est-ce la faute aux compagnies pétrolières ? Oui, mais en partie seulement. La tendance générale des lobbys verts, mais aussi de la population a été de dire aux banquiers : « arrêtez, svp, de financer des entreprises polluantes ». Résultat, les banques ont arrêté ou freiné les investissements dans les hydrocarbures, histoire de ne pas voir leur image être dégradée auprès de la population et la communauté des investisseurs.
Le même citoyen qui se plaint de la hausse de sa facture énergétique et sans doute le même qui dit à son banquier d’éviter l’achat d’actions liées aux énergies fossiles: pure schizophrénie ! En résumé, les sous-investissements du privé cumulés au boycott qui ne dit pas son nom des investissements dans l’énergie fossile provoquent la hausse de notre facture énergétique.
Mieux encore, le paradoxe actuel saute aux yeux : nous parlons tous les jours de transition écologique, mais la plupart des pays se ruent sur le charbon, l’énergie fossile la plus polluante. Ce bon vieux et sale charbon dont dépend encore un tiers de la production mondiale d’électricité ! En attendant, les classes populaires et moyennes redoutent l’arrivée d’un hiver qui pourrait faire flamber leur facture énergétique. Au final, l’État répondra à ce problème via un chèque. Et donc, notre dette publique augmentera encore, mais nous sommes déjà à 120 % du PIB, un point de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ?
Comme le dirait Philippe Bouvard, à force de vivre à crédit, les ardoises deviennent des tuiles. Quant aux entreprises, elles ont également peur, car la facture de l’énergie se retrouve dans l’inflation, et comme les salaires sont indexés automatiquement, leurs coûts grimpent mécaniquement. Oui, sauf que l’inflation est sans doute momentanée alors que la hausse salariale sera durable. La transition écologique me fait penser à un vieux proverbe yiddish: « L’homme fait des projets, Dieu rit ».