L’information a été révélée par le site air-journal.fr : Ryanair utiliserait dès à présent la reconnaissance faciale pour empêcher des agences de voyages en ligne de la revendre, et garder ainsi le contrôle de sa distribution. L’article du site spécialisé ne donne pas de précisions sur les pays, sur des noms d’OTA (Online travel agency) concernés, ou sur les dates de la mise en oeuvre de cette mesure. Mais il soutient que plusieurs agences “ayant pignon sur rue et dénigrés par Ryanair” lui ont confirmé avoir eu des clients victimes de cette reconnaissance faciale.
Comment Ryanair justifie-t-elle le recours à la reconnaisance faciale ?
“Si vous avez réservé en passant par une agence de voyages en ligne, car les OTA utilisent souvent des robots (méthode du web scraping ou web harvesting) pour compléter le processus de réservation, vous n’avez probablement pas eu la possibilité, lors de la réservation, d’interagir directement avec Ryanair. La procédure de vérification nous permet de nous assurer qu’un passager a pris connaissance d’informations importantes de la part de Ryanair. Et qu’il a effectué l’enregistrement personnellement“, indique le service clientèle de la compagnie à bas coût, cité par le média en ligne.
Cette procédure de vérification s’effectue en deux étapes. Le passager scanne d’abord une pièce d’identité pour confirmer sa réservation, “puis fournit une nouvelle photo, voire un selfie, pour attester qu’il est bien une personne physique. La reconnaissance faciale compare alors la photo du passeport ou carte nationale d’identité à la photo fournie en temps réel”. Ryanair en profite pour facturer au passager 35 cents cette prodécure de vérification…
Difficile de savoir si cette mesure a vocation à être généralisée. Une chose est sûre en revanche : elle s’inscrit bien dans la continuité des actions entreprises par Ryanair ces dernières années pour empêcher des agences en ligne de la revendre lorsqu’elles n’ont pas passé un accord commercial avec elle. La low-cost irlandaise a ainsi saisi les tribunaux à plusieurs reprises. Selon les pays, certaines jurisprudences lui ont donné raison et d’autres tort.
A la question “La reconnaisance faciale est-elle légale dans un cas comme celui-là ?”, notre confrère cite Arnaud Dimeglio, avocat spécialisé en droit des nouvelles technologies : “La reconnaissance faciale est en principe interdite. Il faut d’abord vérifier si la technologie utilisée est bien de la reconnaissance faciale. Il existe ensuite des exceptions comme le consentement de la personne. Mais encore faut-il que celui-ci soit libre et éclairé“.
Une certitude : Ryanair n’entend pas utiliser la reconnaisance faciale à l’aéroport car celle-ci peut prendre du temps et le modèle des low-costs est basé sur la maximisation du temps d’escale afin d’effectuer le plus de rotations possibles dans la journée.
Avant d’utiliser une telle technologie, on pourrait s’attendre à ce qu’une entreprise s’assure qu’elle a le droit d’y recourir. C’est le cas dans certains secteurs comme la banque en ligne lorsqu’on crée un compte. Quid en revanche de la législation lorsqu’il ne s’agit pas prioritairement de questions de sécurité ? Ryanair ne s’embarrasse visiblement pas de ce genre de détails…
Les détails fournis par Ryanair :