Ils font partie des plus belles traditions de Noël provençales. En Provence, une crèche digne de ce nom se doit d’être peuplée de santons. Installée depuis quelques années dans le Vaucluse, une santonnière Belge y modèle des figurines de Noël atypiques.
En provençal, le terme « santoun » signifie « petit saint ». Il qualifie ces petits personnages de terre peints à la main qui habillent avec tant de magie les crèches de Provence et que chaque famille se transmet de génération en génération.
Plus de 50 personnages traditionnels
Tantôt naïves, tantôt drôles, familières mais dignes, ces petites figurines font depuis longtemps la joie des enfants de Provence mais aussi des adultes. Le premier santon serait d’origine marseillaise, le moule le plus ancien étant celui de Jean-Louis Lagnel, créé au début du 19e siècle.
Au fil du temps, chaque artisan a créé ses sujets en s’inspirant du folklore et de la tradition, comme le berger offrant l’agneau, rappel du partage, et de la femme à la poule noire dont le bouillon était recommandé aux nouveau-nés. Ainsi, on retrouve parmi ces silhouettes tous les petits métiers du siècle dernier. En tout, une bonne cinquantaine, aux noms tellement évocateurs !
Des santons belges en Vaucluse
Ces petits sujets sont issus des mains d’artisans uniques au monde : les santonniers. Même si le processus de fabrication diverge parfois légèrement d’un santonnier à l’autre, tous les santons sont issus d’un moule original.
Une fois sec, le personnage en argile est en général mis à cuire avant d’être peint à la gouache. D’abord les couleurs les plus claires, donc le visage, puis les plus foncées. Aux personnages traditionnels, certains santonniers rajoutent des sujets en lien avec l’histoire locale ou leur inspiration.
Ils sont encore quelques-uns aujourd’hui à pratiquer cet art séculaire. Dont une Belge, installée dans le Vaucluse en 2002. Originaire du Brabant wallon, Catherine Vandevyvere n’a pas étudié les arts plastiques mais les langues.
Toute jeune pourtant, elle s’amusait déjà à réaliser des copies de carreaux de Delft ou des azulejos. « J’adorais la Provence… et petite je me disais déjà que je voulais vivre ici… Mes parents s’y sont définitivement installés avant que je ne m’y installe à mon tour, à Pernes-les-Fontaines. »
Elle a ensuite rapidement commencé à modeler des petits personnages naïfs et rigolos. C’est le maire de Pernes qui, à force d’insister, va la convaincre de fabriquer également des crèches, en même temps que les personnages traditionnels qui la peuplent. « Comme je n’utilise pas de moules, que tout est modelé à la main, je peux aussi faire des personnages sur mesure, sur base de photos… C’est un petit peu devenu ma spécialité ! » (www.brindargile.fr).
Des santons pour tout le monde
Parmi les plus populaires, il y a Margarido, la sympathique bourgeoise au parapluie rouge tenu par son mari. Ou Bartomiou, incorrigible ivrogne, coiffé d’un long bonnet de coton qui présente à l’Enfant Jésus une morue plate et sèche. Mais également Pistachié, le grand dadais qui conduit un âne chargé de sacs de blé.
Ou encore Lou Ravi, qui lève les bras au ciel, en signe d’admiration, mais aussi le boulanger et son panier de fougasses, la poissonnière, les valets de ferme portant des lanternes, le pêcheur et son filet sur l’épaule, le vieux et la vieille, le tambourinaïre, le félibre, le brigand, les adorants (santons à genoux).
Tous ces personnages se retrouvent autour de l’enfant Jésus, Marie, Joseph et les animaux de la crèche ainsi que, bien entendu, les rois mages, qui quant à eux ne sont mis en place que le 5 janvier.